mardi 27 mai 2014

Consolider l'Europe, oui mais une Europe plus sociale, écologique et populaire ( 3/3 et fin)

Sortir de l'Euro ? (3/3) : Quelle voie est la plus "réaliste" ?


Le réalisme dont il sera question est à la fois économique, politique, social, culturel voire affectif, car on entre ici dans un domaine qui associe la raison et la passion, la logique et les croyances voire les « affects » qu’affectionne Frédéric Lordon… non sans « raison ».
Cela explique en partie la forme parfois rude des controverses entre proches, parmi lesquels des polémistes patentés, chaque camp ayant tendance à qualifier les autres d’illusionnistes, pour ne citer que le qualificatif le plus doux.
Ceux et celles qui souhaiteraient disposer de la série des trois billets en un fichier unique (8 pages) peuvent suivre ce lien : sortieuecomplet.pdf
REALISME SUR LE PLAN DES « AFFECTS »
Si je commence par les affects, je trouve que le plus étonnant est qu’il y ait encore plus de la moitié de nos concitoyens - mais c’est vrai aussi pour les autres pays de la zone, y compris ceux du sud - qui ne rejettent pas l’Union européenne (voir cette analyse de mai 2013), alors que l’Europe institutionnelle actuelle, néolibérale, a fait tant de dommages ces dernières années. Une des raisons, mais ce n’est pas la seule, est évoquée par Benjamin Coriat et Thomas Coutrot : « L’idéal de fraternité européenne [incluant l’aspiration à la paix, JG] a longtemps soutenu le projet communautaire, jusqu’à la fin des années 1970 où l’Europe a su, après la chute des dictatures, accueillir et protéger les fragiles démocraties grecque, portugaise et espagnole, et à coups de fonds structurels puisés dans le budget commun, favoriser leur inclusion en exorcisant les pulsions nationalistes. ».
Propos « européistes » dépassés ? Peut-être, mais à chacun ses affects… Et de toute façon, ces derniers font partie d’une évaluation du réalisme des scénarios en présence, au moins autant que les arguments économiques, si l’on parie sur la démocratie pour trouver une voie. Je renvoie aussi à mon premier billet de la série.
RAPPORTS DE FORCES POLITIQUES EN EUROPE
Ici, c’est plus difficile de se prononcer. Je suppose que, dans le rapport des forces, on évite d’invoquer le secours des partis d’extrême droite en Europe, mais ils pourraient peser en cas de consultation par vote. Prenons les propositions alternatives qui consistent soit à « combattre de l’intérieur » le système euro actuel soit à en sortir. Ce que j’en ai dit est qu’aucune de ces deux voies ne réglait plus aisément que l’autre la question des forces opposées, des conservateurs allemands, de la finance, de la BCE à dessaisir ou à refonder. En revanche, ce que l’on sait des pays du sud de l’Europe est que, même actuellement, ils ne sont pas tentés par la sortie. Leur imposer ? Les convaincre ? J’ai des doutes.
ON AURAIT PLUS DE MARGES DE MANŒUVRE DANS LE CADRE NATIONAL ?
A nouveau, sur le papier des économistes, la réponse est oui : une banque centrale nationale, la possibilité de favoriser les productions nationales et d’autres très bonnes nouvelles, si je mets de côté les effets négatifs de l’inflation importée et de la facture énergétique alourdie. Mais l’encre des économistes sèche plus vite que les rapports de force nationaux. Les conservateurs et les lobbies d’affaires sont-ils moins influents à Bercy et à l’Elysée sous un gouvernement « de gauche » qu’à Bruxelles avec une Commission de droite ? Arraisonner la finance sera-t-il plus aisé chez nous ? La transition écologique mieux défendue ? Je n’en crois rien. Je l’ai rappelé : c’est aujourd’hui la France qui freine des quatre fers aussi bien une réforme des banques (qui va dans le bon sens) proposée par Bruxelles qu’une taxation des transactions financières approuvée par… l’Allemagne ! Enfin, qui déclare à Obama qu’il serait bon d’accélérer les négociations du funeste traité transatlantique ? Merckel ? Barroso ? Non, Hollande.
Le Royaume-Uni a gardé sa monnaie nationale. Sa banque centrale mène, contrairement à la BCE, une politique de rachat massif des obligations d’Etat. Cela empêche-t-il le gouvernement de Sa Majesté de mener une des politiques d’austérité les plus dures en Europe ?
L’oligarchie n’a pas de frontières, et s’il est vrai que les mobilisations exigées pour aller vers une autre Europe démarreront probablement dans quelques pays plus combatifs à un moment donné, parce qu’on ne peut pas parler, c’est vrai, de « mouvement social européen », le repli sur chaque nation n’est vraiment pas une garantie d’avancées sociales et écologiques.
L’ECOLOGIE COMME ENJEU (AUSSI) EUROPEEN
Les enjeux écologiques sont largement ignorés du côté des partisans de la sortie, dont le principal objectif est le retour de la croissance et de la compétitivité. Il faut faire une exception dans le cas de Gaël Giraud, seul vrai écolo parmi eux. Ces enjeux sont plus présents de l’autre côté, par exemple dans les contributions de Jean-Marie Harribey et de Benjamin Coriat au livre des « atterrés ».
Or c’est très important à mes yeux. Les périls sont immenses et ils ont commencé à se manifester. L’Europe actuelle n’est guère plus exemplaire dans ce domaine que dans les autres, mais la France l’est encore moins. Elle a même un énorme retard sur les énergies renouvelables et une énorme « avance » sur le nucléaire, deux beaux résultats de nos « élites » strictement nationales.
Peut-on penser qu’un mouvement de retour vers les nations favoriserait le combat qu’il va falloir mener contre le changement climatique ? Les avocats de la sortie, focalisés sur la compétitivité relative des nations, verraient-ils d’un bon œil des mesures franco-françaises de fortes réductions des émissions de l’industrie, de refus des gaz de schistes, de coup de frein négocié à la production automobile et aux grands travaux inutiles ? Comment ne pas admettre que toutes ces mesures, et d’autres, supposent des « jeux » coopératifs dont il sera moins aisé de définir les règles dans un système que j’ai tendance à voir comme celui du « chacun pour soi et les dévaluations pour tous » ?

jeudi 22 mai 2014

Lutte Ouvrière charcle le Parti de Gôgôche...



Le Parti de gauche et les élections européennes, entre radicalisme de façade et idées réactionnaires
En février dernier, le conseil national du Parti de gauche écrivait que « le temps est venu (…) de construire une opposition de gauche à ce gouvernement avec l’objectif de créer les conditions d’une majorité de gauche alternative ». D’où l’adresse à tous ceux qui « contestent cette politique au sein de la gauche » et les « propositions de listes communes aux municipales avec EELV (les Verts) ou encore avec des militants PS qui acceptent de travailler avec nous au regroupement de toutes celles et tous ceux qui refusent l’austérité ». Dans ce contexte, concluait le conseil national du PG, « les élections européennes restent le grand rendez-vous où nous ambitionnons de passer devant les listes gouvernementales » [1]. Des perspectives ambitieuses… et beaucoup d’effets de manche !

Un petit parti bourgeois avec de grandes ambitions

Si le Parti de gauche est relativement jeune, Mélenchon, son dirigeant, n’est pas le dernier tombé dans le marigot politicien. Après un bref passage à l’OCI après 1968, Mélenchon s’est assuré entre 1976 et 2008 une carrière d’homme d’appareil au sein du Parti socialiste. Fervent partisan de Mitterrand, il fut en 1981 secrétaire départemental de l’Essonne à l’âge de 30 ans, sénateur à 35 ans, ministre délégué à l’Enseignement professionnel entre 2000 et 2002, dans le gouvernement Jospin. Au sein du PS, il fut surtout un soutien des autres : après Mitterrand, ce furent Dray, Emmanuelli, et finalement Fabius. La place qu’il occupait dans le parti était en fait marginale et ne devait pas le satisfaire. Ce furent la traversée du désert que connut le PS après la défaite au premier tour de Jospin à l’élection présidentielle de 2002 et le discrédit de plus en plus avéré de ce parti dans toute une partie de l’électorat de gauche, qui convainquirent Mélenchon qu’il avait peut-être une carte personnelle à jouer. Car si le PS se coupait d’une partie de son électorat traditionnel (le rejet du traité constitutionnel européen lors du référendum en 2005, alors que le PS avait appelé à voter pour, en fut un épisode), l’autre grand parti de gauche, le PCF, était lui aussi en plein recul électoral. C’est ce vide politique entre PS et PCF que Mélenchon chercha à occuper, après la défaite du PS à la présidentielle de 2007.
En février 2009, Mélenchon, avec quelques milliers de militants rompant avec le PS, fonda le Parti de gauche. La perspective immédiate était l’alliance électorale avec le PCF au sein d’un « Front de gauche » pour les élections européennes de juin de cette année-là. Cette alliance électorale lui permit d’abord de devenir député européen. Et comme le PCF ne se remettait toujours pas de son 1,9 % obtenu à l’élection présidentielle de 2007, Mélenchon fut désigné comme le candidat commun du Front de Gauche pour l’élection présidentielle de 2012.
Malgré tout cela, cinq ans après sa fondation, le Parti de gauche est toujours un petit parti qui revendique 12 000 adhérents. S’il existe politiquement, c’est grâce au Front de gauche et, au sein de ce dernier, grâce aux forces du PCF, dix fois supérieures en termes d’adhérents à celles du PG, et dont le réseau est encore bien plus vaste. Mais il est certain que leur attelage n’est pas de tout repos : un parti réformiste comme le PCF, qui compte des milliers d’élus et qui compte d’abord et avant tout les garder, recherche des accords avec le PS même quand le PS mène au gouvernement une politique résolument antiouvrière, quitte à démoraliser encore plus sa base. Tandis que le PG, qui n’a que très peu d’élus, ne peut exister qu’en se démarquant nettement du PS. D’où les divergences affichées entre les deux partenaires lors des élections municipales.
En février dernier, à la veille des élections municipales, les déclarations de Mélenchon à l’adresse des Verts et de militants du PS avaient donc aussi pour but de faire pression sur le PCF, en lui montrant que le PG peut s’associer d’autres forces et en mettant dans la balance les 11 % réalisés à l’élection présidentielle sur le nom de Mélenchon.
Mais quoi qu’il en soit, avec le PCF ou avec les Verts et des dissidents du PS, ces manœuvres politiciennes sont caractéristiques de ce que sont et de ce que veulent les dirigeants du PG. Pour eux, il s’agit, aujourd’hui, de regrouper une « opposition de gauche », à partir de composantes issues de la majorité actuelle, à partir de ceux qui veulent se démarquer de la politique actuelle de Hollande, même s’ils ont appelé à voter pour lui et l’ont cautionné pendant des mois. Une opposition dont la base politique ne transpire pas le radicalisme ! Au lendemain des élections municipales, le PG a d’ailleurs explicitement renouvelé son offre d’alliance à EELV (dans une « adresse au conseil fédéral d’EELV » datée du 3 avril), cette fois-ci pour les élections cantonales et régionales de 2015. Et Mélenchon vient de lancer un appel à ces 41 députés qui, lors du vote du plan Valls dit de « stabilité budgétaire », c’est-à-dire un plan d’attaque brutal contre les travailleurs et les retraités, ont poussé l’audace jusqu’à… s’abstenir. Cette opposition de gauche, qui ambitionne de devenir « majorité alternative » se dit ouvertement et sans fard prête à gouverner « sans attendre 2017 » [2], ce qui veut dire qu’elle affirme qu’elle est prête à fournir à Hollande un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement, si les conditions s’y prêtent.
Les chats ne font pas des chiens, et le PG est bien un petit parti bourgeois qui, à coups d’alliances et de coalitions avec d’autres courants bourgeois, cherche à se frayer une voie vers le pouvoir gouvernemental. Un parti de même nature sociale que le PS, mais qui compte sur le discrédit accéléré du PS, ainsi que sur son positionnement qu’il veut plus à gauche, pour y parvenir à son tour.
De leur point de vue, le résultat des listes Front de gauche aux élections européennes sera important. Le PG le dit ainsi : « les élections européennes peuvent être l’étape majeure de la construction d’une majorité alternative de gauche ». L’objectif affiché est de passer devant ses concurrents de gauche, c’est-à-dire devant le PS et devant les Verts. Les résultats aux élections municipales des différentes listes PCF, PCF-PG ou PG-NPA montrent qu’il est peu probable que ce soit le cas. Mais, un résultat relativement important par rapport au PS permettrait d’abord de ressouder un Front de gauche qui apparaît très divisé. Cela leur permettrait aussi de se poser en rassembleur des déçus de gauche. Et enfin, si tout cela se produit, ils seraient en mesure de fournir « une majorité alternative », c’est-à-dire un remplaçant à Valls si les conditions sociales et politiques l’exigeaient, en cas de crise politique par exemple. En tout cas, tel est leur calcul et telles sont leurs ambitions.

Combattre les idées nationalistes du Front national ou les renforcer ?

Pour obtenir des voix, puisqu’il s’agit de cela, le Parti de gauche a choisi de s’adresser à ceux qui rejettent l’Europe. Les 15 et 16 février dernier, le conseil national du PG indiquait que les listes Front de gauche « seront donc celles de la rupture avec l’actuelle UE et ses traités, en vue de la refondation de l’Europe » car « le rejet de l’Union européenne n’a jamais été aussi fort dans le pays et notamment au sein des classes populaires. (… ) Les sirènes anti-Europe du Front national trouvent écho auprès de cet électorat. Notre rôle est de rassembler le peuple de gauche, mais aussi d’apporter une réponse forte à ce désespoir et d’incarner la colère populaire. » Le Parti de gauche entend donc contester au Front national les voix que ce dernier compte faire sur cette base.
Le PG a détaillé, dans un texte [3] publié en novembre 2013, son argumentation. Il y explique ce que son porte-parole répète en boucle, que les causes de la régression sociale sont à chercher dans la façon dont l’Union européenne a été construite. Le problème serait donc les différents traités européens, en particulier celui de Lisbonne et la place prédominante de l’Allemagne. C’est pourquoi le PG dit, dans un paragraphe intitulé « en finir avec l’Europe austéritaire de Schulz [4] et de Merkel », les choses suivantes : « Les gouvernements successifs allemands, érigés en exemple, ont réussi à imposer une vision de l’Europe étroitement liée au modèle capitaliste de ce pays. Digne héritier du mark allemand, l’euromerkel a été conçu pour être une monnaie forte (…) Pire, en s’appuyant sur l’exportation à outrance, le modèle économique allemand est source de concurrence et de conflits entre les États européens. L’intransigeance égoïste d’Angela Merkel conduit l’Europe à la catastrophe. Car c’est ce modèle qui, non content de les avoir insultés et dénigrés, est en train de faire le calvaire des Grecs et de nombreux peuples européens. Il menace également les Français… »
S’attaquer au « modèle capitaliste allemand », comme le fait le PG, laisse supposer qu’il y aurait un modèle capitaliste meilleur. Cela lui permet même d’exonérer de leurs responsabilités les capitalistes eux-mêmes puisque les attaques antiouvrières ne seraient pas de leur fait, mais une question de « modèle ». Mais il y a plus grave encore. En adoptant un ton nettement antiallemand, le PG a choisi d’entonner les trompettes nationalistes parce qu’il pense que c’est électoralement porteur. Il se met de fait sur le même terrain que le FN qui, en la matière, aura toujours une longueur d’avance. Mais que le PCF et le PG adoptent ce discours nationaliste n’est pas indifférent. En faisant cela, ces politiciens, qui se disent de gauche, cautionnent auprès des travailleurs et des militants ouvriers et syndicalistes, des idées nauséabondes qui portent la division et les orientent vers des impasses. Ne serait-ce que pour cela, il faut s’opposer à eux et à leurs idées. Et il faut dénoncer le patronat comme responsable, et en premier lieu, le patronat que l’on a sous la main, là où l’on vit et là où l’on milite. Ainsi, les Peugeot ou Pinault n’ont pas besoin du « modèle capitaliste allemand » pour licencier et fermer des usines. Les banques françaises, étant donné la masse de leurs investissements en Grèce, ont été parmi les plus intéressées au « redressement » des finances de ce pays. Un redressement que les travailleurs grecs payent effectivement cher.
On a beau chercher dans le programme du PG : pas d’autres explications que celle de la prétendue prédominance allemande sur l’Europe. Si, pour le PG, il y a une responsabilité en France, c’est seulement celle de François Hollande qui s’est plié à « l’Europe austéritaire de Schulz et de Merkel », lui qui « avait promis de renégocier ce traité (le TSCG) avant d’être élu » et qui n’en a pas modifié une virgule.
Le PG a donc choisi de développer sa propre argumentation xénophobe et nationaliste. Le PCF a joué et joue aussi régulièrement de cette partition : « produisons français », « défendre la souveraineté nationale »… En faisant cela, le pire est surtout que ces partis d’« opposition de gauche » contribuent à distiller ce poison qu’est le nationalisme dans les rangs des travailleurs de ce pays.

L’euro au cœur de la démagogie nationaliste

Le discours antiallemand est complété comme il se doit d’une argumentation antieuro. C’est tout l’objet du paragraphe intitulé « soumettre l’euro ou le quitter ». Car, dit le PG, « l’euro est un garrot qui étrangle l’économie européenne ».
« Comment réagir ? », demande t-il. « Quitter l’euro. Oui, s’il n’y a pas moyen de faire autrement et nous saurions y faire face. Entre la sauvegarde de l’euro et la souveraineté du peuple, notre choix est vite fait ! Mais ce n’est pas notre scénario privilégié ». Cette phrase à elle seule résume toute la politique de ce parti. Se donner les moyens de faire des envolées nationalistes contre l’euro (« Quitter l’euro »), pour ne pas laisser au FN le monopole du discours chauvin, et rester un parti responsable (« ce n’est pas notre scénario privilégié »).
Le scénario privilégié est le suivant. Le PG propose de « changer les statuts de la Banque centrale européenne et la placer sous le contrôle du Parlement européen et des parlements nationaux. À partir de là, la décision politique retrouve les mains libres ». La belle affaire ! Cela placera peut-être la BCE sous le contrôle formel des politiciens, mais comme ces politiciens obéissent de gré ou de force à ceux qui, au travers de leur fortune, ont le véritable pouvoir, la BCE, comme le Parlement européen, comme les parlements nationaux, resteront toujours et encore les relais de la classe dominante. Le PG propose aussi de donner plus de pouvoir à la Banque de France. Ainsi « pour refonder l’euro » le PG propose « une refonte unilatérale des statuts de la Banque de France pour lui permettre de prêter directement au Trésor public et de monétiser une partie de la dette publique ». Le PG propose en fait une autre politique aux capitalistes et aux financiers, une autre manière de gérer leurs affaires. Car le Trésor public ne s’est pas toujours financé en passant par les marchés. Il l’a même souvent fait en plaçant des emprunts auprès des plus riches du pays. Les plus anciens se souviendront des emprunts Pinay ou Giscard. Pour ce dernier, pour 7,5 milliards de francs empruntés sur 15 ans, l’État dut rembourser (en intérêts et capital) plus de 90 milliards de francs. Une autre manière pour les riches de piller le budget national en quelque sorte. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas aux travailleurs que le PG s’adresse là, mais bien à la bourgeoisie.
D’autre part, le PG affirme que le fait que la BCE soit indépendante des pouvoirs politiques et donc sous la « domination totale des marchés financiers » conduirait celle-ci à « la politique de l’euro fort » dont l’obsession est la « lutte contre l’inflation », « qui protège les rentiers » et qui « détruit l’emploi et les investissements ». Le PG dénonce en fait ici l’obligation des États de respecter le critère de 3 % de déficit public et le fait que la BCE ne joue pas de la planche à billets européenne. Il est certain que la politique anti-inflation protège les rentiers et que, au nom de la lutte contre les déficits, les gouvernements imposent à leurs populations plan d’austérité sur plan d’austérité. Ce sont ces plans, les blocages ou les amputations de salaires, de retraites, les licenciements de fonctionnaires, la remise en cause de la santé publique qu’il faut combattre. Mais il ne faut pas les combattre en ayant pour revendication que les États mènent une politique inflationniste, comme le laisse penser le PG. Une politique inflationniste permettrait peut-être de diminuer le poids de la dette, en la dévalorisant, mais ce serait aussi une autre manière de faire payer la crise aux travailleurs, en diminuant leurs salaires par le biais de l’inflation. Ce serait une politique que les travailleurs devraient tout autant combattre, avec leurs moyens de classe.
Placer le combat politique sur le terrain de l’orientation économique de la BCE est donc une impasse pour les travailleurs, car c’est une discussion entre options politiques possibles pour la bourgeoisie. Pour les travailleurs, le fond du problème n’est pas de discuter de cette orientation économique, mais du fait que cette BCE, ainsi que toutes les institutions nationales ou européennes, sont en réalité au service des capitalistes, des industriels et des banquiers, et qu’elles se chargent de défendre leurs intérêts et notamment de faire payer la crise aux couches populaires en assurant le transfert de dizaines de milliards d’euros de leurs poches vers celles des riches.

Le « protectionnisme solidaire »

Une autre impasse : le protectionnisme, fût-il solidaire, du PG : « Face au libre-échange, l’Europe a besoin de développer un modèle de protectionnisme solidaire. Cette politique s’appliquera si possible à l’échelle européenne ou si nécessaire à l’échelle nationale ». Comme pour l’euro, il s’agit là encore de concurrencer le FN sur son terrain, en développant à l’adresse des électeurs un discours protectionniste « à l’échelle nationale si nécessaire », tout en se montrant responsables à l’égard de la bourgeoisie (« si possible »), qui est aujourd’hui globalement hostile à un repli du marché sur les frontières nationales et un éclatement de l’Union européenne.
Et l’adjectif « solidaire » est juste là pour rappeler que Mélenchon se revendique de la gauche de la gauche. Mais le protectionnisme, quel que soit l’adjectif qu’on lui accole, reste le protectionnisme. Le protectionnisme n’a jamais protégé que les intérêts de la bourgeoisie ou d’une fraction de celle-ci. Et aujourd’hui, c’est un programme nettement réactionnaire, opposant les travailleurs de ce pays à ceux d’ailleurs. Ainsi le PG affirme que, « en relocalisant les industries », le protectionnisme « contribuera à la diminution forte du chômage en Europe ». Et comment si ce n’est, dans le cadre de ce système capitaliste, en mettant au chômage les travailleurs d’ailleurs ?
Aujourd’hui, alors que l’économie est cent fois plus mondialisée qu’elle ne l’était à l’époque de Marx, il est inepte et réactionnaire de proposer un repli national ou européen. Le « made in France », le « produisons français », le « patriotisme économique », ce sont des balivernes. Il n’y a pas un bien de consommation courante qui ne résulte aujourd’hui du travail de milliers de travailleurs de plusieurs pays, de plusieurs nationalités, de plusieurs continents. Et, plus fondamentalement, c’est aussi un progrès si l’industrie se développe en Chine, en Inde ou au Vietnam. Parce que cela renforce et élargit la classe ouvrière, et que ces prolétaires sont des alliés futurs des travailleurs de France, des États-Unis ou d’ailleurs. Et en Chine, en Inde ou au Bangladesh, des travailleurs se battent, parfois dans de grandes grèves, contre l’exploitation, pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. Des grèves aujourd’hui surtout économiques, mais qui deviendront politiques, qui contesteront le pouvoir de la bourgeoisie, ailleurs et ici.

Par quels moyens le PG compte-t-il imposer sa politique ?

Contrairement à Hollande qui s’est plié à « l’Europe austéritaire de Schulz et de Merkel », le PG propose de « désobéir pour ne plus subir ». Par quels moyens ? Surtout pas par un plan de mobilisation des masses populaires, car le PG cantonne strictement son argumentation au plan institutionnel : « Il suffit que le ministre français du Budget suspende les paiements de la France pour que le budget européen soit en cessation de paiement. Il suffit que le gouverneur de la Banque de France remette en cause les règles de fonctionnements de la BCE (…), que la France fasse défaut sur sa dette publique, pour que le système mondial s’effondre. Un gouvernement français a donc toute latitude pour désobéir de façon maîtrisée aux traités, directives et règlements européens odieux qui détruisent notre société (…) »
Le rédacteur de ce paragraphe oublie juste de noter que si le ministre du Budget et le gouverneur de la Banque de France ont un tel pouvoir, c’est parce que la construction européenne n’est pas le simple fait du « modèle capitaliste allemand », mais le fruit d’un compromis (laborieux) entre les bourgeoisies des principaux pays capitalistes d’Europe, en premier lieu celles d’Allemagne, du Royaume-Uni et de France, et que toute la politique élaborée est en fait collectivement la leur.
Pour quel objectif faudrait-il utiliser la menace budgétaire ? Pour désobéir aux traités (mais attention, de « façon maîtrisée ») ! Ainsi donc, le problème serait d’abord et avant tout de renégocier le traité de Lisbonne, le traité « qui les contient tous ». Ce traité serait, avec le « modèle capitaliste allemand », « fauteur de crise. Il interdit de limiter les mouvements de capitaux (…) il impose le libre-échange en refusant toute mesure protectionniste (…) il est le moteur du dumping social en Europe ». Ce traité est un traité entre brigands, c’est certain. Mais retirer aux brigands une de leurs armes ne leur retire pas leur pouvoir de nuisance, ni le reste de l’arsenal à leur disposition. Ils ont d’ailleurs pillé la planète et exploité les peuples pendant des décennies sans avoir ce traité à leur disposition… La lutte du PG (et des autres) contre les traités doit être considérée comme ce qu’elle est : une diversion politique qui permet de développer un discours nationaliste tout en exonérant la classe dominante de ce pays de ses responsabilités.

De la démocratie et de la « souveraineté » du peuple

« Les institutions européennes ne garantissent pas un contrôle démocratique sur le fonctionnement de l’Union européenne. Elles ont confisqué le pouvoir au peuple au profit d’une oligarchie (…) Dans ces instances non-élues, le peuple n’a pas son mot à dire, au contraire des groupes de pression qui défendent à coup de millions les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Ce qui devrait être interdit. » Il est certain que les institutions européennes n’ont pas été faites pour être contrôlées démocratiquement. Elles ont été faites pour être livrées aux « intérêts particuliers » des industriels et des financiers, car elles ont été construites à leur demande et à leur initiative. Quant à réclamer l’interdiction des groupes de pression, c’est prendre les électeurs pour des naïfs. Car il n’y a qu’en expropriant les capitalistes qu’on ruinera leur puissance sociale et qu’on mettra fin au lobbying ouvert (tel qu’il se pratique dans les couloirs des institutions européennes) ou masqué (tel qu’il se pratique partout ailleurs) sur le pouvoir politique. Des institutions véritablement démocratiques sont incompatibles avec un système de classe, où la fortune se concentre en quelques mains et où la misère est le lot de la grande majorité. La seule revendication qui pourrait permettre de faire un pas dans le sens d’un contrôle démocratique des institutions est la révocabilité des élus. Mais cette revendication ne sera mise en application que par un pouvoir ouvrier, comme la Commune de Paris de 1871 sut le faire.

L’« écosocialisme » du PG, le renouveau de quel socialisme ?

Tout en chassant sur les terres de l’extrême droite, le positionnement politique du PG est celui de la gauche de la gauche. Il cherche donc aussi à rassembler les électeurs des Verts, du PCF, les électeurs de gauche qui sont critiques vis-à-vis de la société capitaliste, en en déplorant les excès sans pour autant la remettre en cause. Pour eux, l’argumentation est la suivante : « II n’est plus possible de réformer l’UE. L’heure est à une refondation totale de l’Europe. (…) il faut rendre à l’égalité, la liberté et la laïcité leur rôle moteur et conjuguer socialisme et écologie dans un projet écosocialiste. »
L’écosocialisme du PG se veut un « projet global », un projet de société. Un projet bien à la mode à la gauche de la gauche puisqu’il a contaminé y compris une partie du NPA, qu’il est fourre-tout et que chacun peut y mettre ce qu’il veut. « L’écosocialisme est un nouveau projet politique réalisant la synthèse d’une écologie nécessairement anticapitaliste et d’un socialisme débarrassé des logiques du productivisme. Il permet ainsi la jonction des grands courants de la gauche dans un nouveau paradigme politique. » [5]. Les écosocialistes veulent « renouveler le socialisme », mais le socialisme de Mitterrand, pas celui de Marx et de Lénine : « Le socialisme a toujours visé l’émancipation de la personne humaine. Elle passe par le partage de la richesse, la démocratisation du pouvoir et l’éducation globale de chaque femme et chaque homme. Ce programme est toujours le nôtre. Mais nous savons dorénavant que l’émancipation ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème qui rend la vie humaine possible ne le permet pas. Ce constat oblige à définir un nouveau modèle de progrès en rupture avec le système capitaliste. (…) Cette nouvelle conscience et son programme d’action sont l’écosocialisme. Ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne. »
L’objectif du socialisme « écosocialiste » est l’émancipation de la « personne humaine ». Un objectif certes juste en soi. Mais le capitalisme est ainsi fait que l’émancipation de l’humanité ne peut se faire qu’au travers de l’émancipation des travailleurs, c’est-à-dire par la révolution sociale des opprimés, des exploités, s’opposant aux exploiteurs. Une émancipation que l’« écosocialisme » du PG élude soigneusement. Dans ce socialisme-là, il n’est ainsi pas question de l’expropriation des capitalistes, ni du contrôle des travailleurs sur les entreprises, mais on y discourt sur le « partage de la richesse, la démocratisation du pouvoir et l’éducation ». La méthode d’action n’est plus la révolution sociale, ouvrière, ayant pour objectif la propriété collective des moyens de production sous le contrôle démocratique des travailleurs, mais « ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne ». Les promoteurs de l’écosocialisme ont en fait soigneusement vidé le socialisme de Marx de tout contenu révolutionnaire, de tout contenu de classe et de toute notion de lutte de classe. Il est vrai qu’ils sont de cette famille qui se dit encore socialiste, mais qui a trahi et rompu avec le marxisme il y a tout juste 100 ans, en 1914, et qui depuis a fourni à la bourgeoisie, de Blum à Mitterrand, plusieurs générations de loyaux gestionnaires. Ces socialistes-là reprochent à Hollande, leur descendant direct, d’avoir rompu avec Mitterrand et d’être devenu « social-libéral », c’est-à-dire en fait de gouverner sans fards pour le compte des riches, alors que Mitterrand et Blum y mettaient, quelquefois, les formes. Une querelle de famille en quelque sorte, mais d’une famille bien étrangère au mouvement ouvrier et au marxisme.
Quant à la « radicalité concrète » écosocialiste, elle sert en fait à exprimer un programme électoral de gouvernement, dans le cadre du système capitaliste. Ainsi « les aides aux entreprises seront soumises à des règles strictes (dans le cadre de la “planification écologique” et de la “règle verte”, NDLR). Elles seront modulées en fonction du niveau des exigences sociales et environnementales qu’elles respecteront (réduction des temps partiels imposés, des écarts de salaire par exemple). Le pôle financier public fournira un crédit bonifié aux entreprises pour l’emploi, la formation, la recherche et le développement sur critère d’utilité sociale et environnementale des investissements et de la production. Nous soutiendrons les politiques d’investissements des entreprises vers les innovations industrielles aux productions utiles. Nous favoriserons la relocalisation des activités et les circuits courts de distribution. Nous renforcerons la présence de l’État dans le capital d’entreprises stratégiques pour leur sauvegarde et leur développement. » [6] , etc. Ainsi, ce ne sont pas tant les subventions au patronat qui gênent les écosocialistes du PG, mais la manière dont elles sont distribuées.

Combattre la politique du PG pour ce qu’elle est

Le devoir des communistes révolutionnaires est de dire la vérité, qui consiste à qualifier le Parti de gauche de parti bourgeois à la recherche d’une voie vers le pouvoir. Cela n’empêche pas de participer à des manifestations communes, quand c’est possible. Ce fut le cas le 1er décembre 2013 lors de la manifestation parisienne contre la hausse de la TVA. Mais les communistes révolutionnaires ne doivent pas apporter leur caution politique à ce genre de parti. Ils doivent au contraire se donner les moyens de dénoncer la nature de sa politique : du radicalisme de façade, du réformisme mâtiné de nationalisme sous prétexte de ne pas laisser ce terrain au FN, une politique démagogique qui, en fait, renforce le poison nationaliste et chauvin dans la société.
Il y a aussi une autre question. Dans quelles circonstances Mélenchon pourrait-il accéder au pouvoir « avant 2017 » ? Pourquoi Hollande lâcherait-il un Ayrault ou un Valls pour un Mélenchon ? Il faudrait en fait probablement des conditions semblables à celles de 1936, lorsque le patronat a pressé Blum de prendre le pouvoir en France, ou lorsque Caballero, leader du Parti socialiste espagnol, gouverna l’Espagne républicaine du Front populaire. Des circonstances de crise sociale et politique et une radicalisation des travailleurs telles que la bourgeoisie aurait besoin d’un recours en la personne d’un personnel politique ayant suffisamment l’oreille des travailleurs pour jouer les pompiers, éteindre l’incendie social comme le firent Blum et Caballero en leur temps, chacun à sa manière. Un tel recours serait donc un obstacle sur le chemin des luttes ouvrières. C’est pourquoi ceux qui se situent dans le camp des travailleurs doivent dès à présent combattre politiquement ce genre de courant, se démarquer nettement de l’« opposition de gauche » en l’identifiant pour ce qu’elle est, une option possible pour la bourgeoisie.
Lutte de Classe, Série actuelle (1993 - )
n°160 (mai-juin 2014)
Adresser toute correspondance à Lutte Ouvrière - BP233 - 75865 Paris Cedex 18
Lutte Ouvrière c/o Editions d'Avron, 6 rue Florian, 93500 Pantin 
- Tel : 01 48 10 86 20 
8 mai 2014
[1]  Résolution politique du conseil national du PG (15 et 16 février 2014), publiée en ligne le 6 mars 2014.
[2]  Résolution sur les élections européennes du conseil national du PG, publiée en ligne le 6 mars 2014.
[3]  « Sortons de l’Europe austéritaire ! Désobéir pour ne plus subir », texte du conseil national du PG daté du 3 novembre 2013
[4] Martin Schulz est un des leaders du Parti social-démocrate allemand et le candidat pour les partis socialistes d’Europe à la présidence de la commission européenne
[5] Premier manifeste des assises – 18 thèses pour l’écosocialisme – 6 février 2013.

mardi 13 mai 2014

Consolider l'Europe, Oui mais une Europe plus sociale, écologique et populaire (2/3)...

Sortir de L' Euro ? De l'Union ? (2/3 : les oppositions de fond) 
Pas évident de résumer et d’évaluer en un (gros) billet ce qui correspond à de nombreux livres publiés depuis plusieurs années. Complication : il existe une certaine diversité interne aux deux principaux pôles. Je l’évoquerai, sans pouvoir aller très loin.(carte libre de droit)
Commençons par ce qui est commun aux deux « camps » car c’est au moins aussi important que ce qui les divise. La galaxie intellectuelle à laquelle je m’intéresse est, pour résumer, celle de la gauche opposée au néolibéralisme, au « libre-échange », au projet de traité transatlantique, à la BCE actuelle et aux diktats de la Troïka, et, peut-être en premier, celle qui veut « arraisonner la finance ». Evidemment, cela crée des liens forts ! On peut donc souvent retrouver ces personnes et ces collectifs dans des mobilisations communes. Mais ils divergent entre eux sur les questions (en partie liées, mais pas tant que ça) de la sortie volontaire de l’euro (et de l’Union) et sur celle du « protectionnisme » que je ne traiterai pas pour le moment.
Aucun des protagonistes n’envisage une issue désirable dans le cadre des traités actuels. Avec ou sans euro, c’est toute l’Union qui est frappée par la libre concurrence, qui le sera par le traité transatlantique s’il est ratifié, qui subit l’impact des lobbies bruxellois sur les directives européennes, la libéralisation des services publics et bien d’autres dommages.
LE SCENARIO CENTRAL DES « CONTRE LA SORTIE VOLONTAIRE »
Pour eux, des réformes de fond des traités restent possibles, au prix de fortes mobilisations, résistances et formes de « désobéissance », portant principalement sur le statut de la BCE afin qu’elle joue un rôle de vraie banque centrale démocratisée, sur la règle d’équilibre budgétaire (largement contournée depuis des années, mais qui pèse toujours), sur une coordination économique tournée vers le soutien à l’emploi dans le cadre de la transition écologique et sociale, sur la lutte contre le dumping fiscal et social selon des principes d’Europe sociale et écologique.
Pour eux (comme pour moi), des réformes profondes de la finance, dont la séparation des banques d’affaires et de dépôt et une vraie taxation de TOUTES les transactions financières - deux domaines où… c’est la France qui bloque aujourd’hui des propositions européennes non négligeables ! - sont également possibles, tout comme l’éradication des paradis fiscaux. Le budget européen devrait être renforcé (mais par exemple un impôt européen sur les dividendes ou sur le patrimoine pourrait largement y pourvoir), tout autant que les pouvoirs du Parlement, avec à moyen terme un gouvernement européen découlant du suffrage universel. Personne ne pense évidemment que tout cela pourrait être obtenu d’un coup et vite. Mais tous estiment qu’existe la possibilité de construire dans les prochaines années un rapport de forces en faveur de ces transformations institutionnelles et que certaines de ces mesures sont même accessibles assez rapidement.
LE SCENARIO CENTRAL DES « POUR LA SORTIE VOLONTAIRE »
Ces derniers estiment que ce qui précède est « illusoire ». Une avancée du fédéralisme (démocratique, et non pas autoritaire) leur semble exclue. Il faut donc redonner marges de manœuvre et pouvoirs aux peuples et aux Etats nationaux, avant d’envisager de repartir dans un projet européen coopératif. Il faut par conséquent aussi en finir avec l’euro parce que, tel qu’il est, il fait plus de dégâts sociaux qu’il n’apporte de bénéfices. La sortie pourrait être organisée avec une « monnaie commune ».
Ce scénario a plus de variantes personnelles que le précédent, vu qu’il faut inventer des solutions politiques et économiques à la sortie de l’euro et que ces solutions sont diverses (voir par exemple les « scenarii de dissolution de la zone euro » de Sapir et Murer, téléchargeable). La reprise en mains ou « démarchéisation » de la finance est commune aux deux camps, mais le scénario de sortie est bien plus protectionniste, au sens classique des protections aux frontières nationales (droits de douane).
LA MONNAIE UNIQUE CONDAMNEE PAR LES ECARTS DE COMPETITIVITE ?
La solution pour remplacer l’euro se trouve notamment, avec des variantes, chez Jacques Sapir, Frédéric Lordon, Gaël Giraud ou Jacques Mazier. Le raisonnement, purement économique, est le suivant. Une monnaie unique n’a pas d’avenir dans un espace dont les pays ont de tels différentiels de gains de productivité, de gains salariaux et donc de compétitivité, sauf si le budget européen était multiplié par trois ou quatre et s’il était utilisé pour « faire du rattrapage » (des transferts) ce qui semble exclu à un horizon prévisible.
Aux Etats-Unis, explique Gaël Giraud dans son excellent livre « l’illusion financière » (voir mon billet du 7 juin 2013), « ces transferts atteignent jusqu’à 4 % du PIB, contre moins de 1 % au sein de la zone euro »… « On peut estimer que Berlin et Paris n’ont pas à verser 4 % de leur PIB en transferts au profit de Lisbonne ou Athènes. Mais, dans ce cas, il faut renoncer à prôner le fédéralisme européen ».
Avec la monnaie unique, dans leurs échanges entre eux, les pays dont la compétitivité reste durablement inférieure à celle du « meilleur » (l’Allemagne), voient leurs comptes extérieurs se dégrader inexorablement, privés qu’ils sont de l’arme de la dévaluation de leur monnaie. Il ne leur reste, éventuellement, que l’arme de la dévaluation « interne », c’est-à-dire le freinage ou la régression des salaires, l’austérité. Or autant cette solution peut fonctionner pour un temps en Allemagne, au prix de gros dégâts sociaux, autant elle entraine les pays en retard dans une spirale plus ou moins récessive. La monnaie unique creuse alors les écarts, c’est ce qui la condamne.
Quand je lis ces démonstrations, je suis perturbé. Et puis j’essaie de me ressaisir en me disant que c’est de l’économie, seulement de l’économie, et que les économistes peuvent se tromper, même ceux que j’apprécie. L’avenir d’une monnaie unique et de son espace économique ne serait qu’une question de compétitivité comparée ? Il n’y aurait que deux grandes « armes » : la dévaluation et l’austérité salariale ?
MES CRITIQUES DE CE RAISONNEMENT
Pourquoi alors, comme je l’ai montré, les principaux pays de la zone euro ont-ils vu pendant quinze ans, entre 1993 et 2008, leurs taux de chômage converger nettement, mais aussi, en tendance globale, leurs PIB par habitant, leurs gains de productivité du travail, leurs ratio de dette publique ? Pourquoi la compétitivité industrielle de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne était-elle bonne jusqu’en 2008 ? La belle démonstration précédente peut-elle être infirmée par les faits pendant quinze ans et vérifiée seulement depuis 2008 ? Il doit y avoir un truc qui cloche. J’ai fourni mon interprétation de ce truc : c’est La finance (et non la monnaie unique), relayée par la Troïka, qui est coupable de la divergence économique des pays européens après 2008.
Je me répète : il n’y aurait (probablement) pas eu de divergence économique notable dans la zone euro après 2008 si plusieurs des mesures raisonnables suivantes avaient été prises, AUCUNE N’EXIGEANT UN BUDGET EUROPEEN PLUS IMPORTANT : 1) si le « sauvetage des banques » s’était accompagné de contreparties exigées en faveur de l’économie réelle, d’une vraie séparation bancaire, et si besoin de prises de contrôle des banques les plus dangereuses ; 2) si la BCE avait coupé l’herbe sous le pied aux « marchés » en prêtant (directement ou indirectement) à 1 % aux Etats les plus endettés ; 3) si une partie des dettes publiques excessives, en particulier en Grèce, avait été jugée illégitime (ce qui était bien le cas) et annulée ; et 4) si la stratégie européenne d’austérité publique (dont même le FMI a fini par admettre qu’elle était dommageable) avait été rejetée.
La finance libéralisée a pu instrumenter – parce qu’on l’a laissé faire - l’existence d’une monnaie unique comme elle aurait instrumenté des monnaies multiples en les soumettant à une spéculation encore plus effrénée, non plus seulement sur les obligations (les dettes publiques), mais, en plus, sur les devises (les monnaies nationales). On aurait probablement alors assisté à d’autres grandes divergences, pas forcément les mêmes, mais non moins lourdes de conséquences, chaque pays livré à la spéculation se lançant dans une course à la « dévaluation-compétitive-qui-va-relancer-la-croissance » revenant plus ou moins à appliquer des plans d’austérité. Etienne Balibar estime à juste titre selon moi que l’on ne gagnerait rien au remplacement de la concurrence néolibérale actuelle par « une concurrence par la dévaluation » (Le Monde Diplomatique de février).
LA REPONSE : UNE MONNAIE COMMUNE SANS SPECULATION SUR ET ENTRE LES MONNAIES NATIONALES
Les partisans de la sortie ont une réponse à l’argument précédent. Un très bon exposé, avec les variantes et les alternatives, est celui de Jacques Mazier dans le livre des « atterrés ». La monnaie commune qu’ils préconisent est conçue ainsi. L’euro subsisterait, mais seulement pour les transactions hors de la zone euro. A l’intérieur de la zone, chaque État retrouverait une monnaie nationale (un euro-franc pour nous) dont la parité avec l’euro serait négociée chaque année par les responsables politiques, ce qui réduirait ou annulerait la spéculation sur ces monnaies nationales (mais pas sur l’euro externe). Avantages connexes : l’autonomie recouvrée des banques centrales nationales leur permettrait si besoin de « monétiser » leurs dettes nationales et de financer la transition écologique par la création monétaire.
Cela dit, il est clair que ces négociations resteraient des négociations de dévaluation ou réévaluation, même si elles ne s’effectuent pas sous la pression des marchés financiers. Immédiatement, la
dévaluation de la lire, de la drachme, du franc… s’imposerait par rapport au mark ou au florin (sinon, la proposition ne sert à rien). On peut prévoir une belle foire d’empoigne, certes politique, mais foire quand même, de sorte que l’argument de Balibar (une concurrence par la dévaluation) reste entier. Les avocats de la sortie restent discrets sur l’inflation (par le renchérissement des importations) suivant inévitablement la dévaluation, en général plusieurs dévaluations. En fait, on peut craindre qu’une autre modalité d’austérité (baisse du pouvoir d’achat du fait de l’inflation importée, à commencer par la facture énergétique) ne soit la conséquence de ces dévaluations.
L’Allemagne, souvent citée par Lordon comme obstacle décisif à toute issue coopérative au sein de l’Union, aurait tout à perdre (dans la logique qui est actuellement la sienne), vu que ces dévaluations annuleraient tous les « efforts » accomplis depuis dix ans, sur le dos de ses salariés et de son peuple, pour booster sa compétitivité extérieure vis-à-vis du reste de la zone euro. Elle s’y opposerait avec la même vigueur qu’elle s’est opposée à toute idée de vraie banque centrale capable de prêter directement aux Etats. Et si un de ces jours les dirigeants allemands changeaient de position, parce que ça peut bouger dans ce pays aussi ( Voire Guillaume Duval) , alors les propositions de réformes profondes des traités et de la BCE portées par l’autre camp pourraient retrouver autant de couleurs que celles que je viens de citer.
Par conséquent, cette monnaie commune, qui a tous les atours d’une solution coopérative, ne l’est pas plus à mes yeux que la monnaie unique actuelle. Dans les deux cas, la suite dépend non pas principalement de la monnaie (c’est le fétichisme de la monnaie), mais d’un sursaut dans plusieurs pays, de la capacité à arraisonner la finance et de faire prévaloir un projet écologique et social en Europe et dans chaque pays.
UN BUDGET EUROPEEN PLUS IMPORTANT ?
Oui, il faudrait plus de transferts budgétaires et un plus gros budget pour l’Union, qui n’a même plus les moyens de verser des fonds structurels ayant l’ambition de ceux des années 1990 alors qu’il en faudrait plus dans cette Europe trop vite élargie. Mais les partisans d’une sortie en rajoutent une louche en évoquant 4 ou 5 % du PIB européen comme condition nécessaire à la « non sortie ». Il n’existe pas plus de montant optimal d’un budget européen solidaire qu’il n’existe de taux de chômage optimal ou de ratio de dette optimal, n’en déplaise aux modèles sophistiqués de « zone monétaire optimale » des économistes. L’analogie avec les Etats-Unis n’est pas pertinente selon moi, et l’évocation du « fédéralisme » est bien trop vague, tant ses variantes sont nombreuses.
Aucune des mesures que j’ai citées et qui auraient permis de juguler la crise en 2008-2009 n’exige un plus gros budget. Et si, à l’avenir, il faudrait en effet l’augmenter, on peut aussi affirmer qu’il existe bien d’autres modalités de solidarité économique et financière entre des Etats si l’on souhaite une certaine convergence de leurs destins. Au moins aussi importante serait une « solidarité non budgétaire » appuyée notamment 1) sur une BCE qui aurait pour mission l’attribution de crédits à des taux très bas (de la création monétaire sélective) aussi bien pour la transition écologique que pour la convergence sociale, et bien évidemment pour dégonfler les dettes publiques excessives, 2) sur une convergence fiscale commençant par l’impôt sur les bénéfices des entreprises (ou sur les dividendes), et 3) sur le boycott des paradis fiscaux par les pays de la zone euro.
Et puis il y a, toujours hors budget communautaire, ce que beaucoup d’économistes (pas tous) laissent de côté : la « convergence par les règles », qui, si elles vont dans le bon sens, contraignent les Etats membres (et/ou leurs entreprises) à utiliser leur propre budget à des fins sociales ou écologiques. Des exemples ? Oui, très nombreux, dont celui-ci : pendant les années 1980-90, et en particulier entre 1989 et 1992, plus de trente directives « progressistes » ont été adoptées, souvent à l’initiative des syndicats, sur l’amélioration des conditions de travail et de la santé au travail. Voir ce remarquable article de Laurent Vogel « Le travail, grand absent du scrutin européen », dont je reparlerai, ainsi que, du même auteur, un article de la « BTS newsletter » de mars 1998 sur l’application de ces directives au cours des années 1990.
Ce qui précède est-il plus ou moins « réaliste » que les scénarios de sortie ? Ce sera pour le prochain billet, dernier épisode de la série : Sortir de l’euro ? De l’Union ? (3/3 : quelle voie est la plus « réaliste » ?).
Cet article a été posté le Jeudi 17 avril 2014, Jean Gadrey

lundi 5 mai 2014

Un PCF en pleine décomposition...

Sur la décomposition du PCF dans la Somme
Le PCF est en crise aujourd’hui plus que jamais du fait de son absence de stratégie politique à long terme. Dans certaines villes, il reste fidèle aux orientations du Front de gauche, dans d’autres il s’allie au PS pour garantir l’existence de l’appareil. Il est donc coupé en deux parties.
La première partie est composée de permanents et d’élus. Elle est toute puissante et décide de tout. Elle choisit évidemment de transformer le PCF en supplétif du PS. C’est non seulement indigne mais cela en fait aussi le complice de la politique d’austérité menée par la bourgeoisie qui se sert du PS comme elle se servait de l’UMP. Le PCF n’a donc plus rien à dire. Il n’a pas besoin d’élaborer une réflexion critique sur la société. Il s’accroche à la locomotive du PS et se laisse tracter paresseusement. Dans notre cas, le PCF de la Somme atteint le dernier degré de la décomposition. Son équipe dirigeante se limite dorénavant à 4 personnes :
 Joël Carliez est secrétaire départemental depuis 1989. Son absence de dynamisme est telle que plus personne ne vient au comité départemental (ils étaient une douzaine à la dernière réunion le mois dernier). Son objectif essentiel est de pérenniser son emploi de permanent. Il faut bien souligner le problème posé par le fait qu’il dirige une structure qui l’emploie, ce qui occasionne inévitablement un problème démocratique (c’est la bureaucratisation). Il resterait, selon les versions les plus optimistes, au maximum 400 adhérents dans le département.
 Laurent Beuvain est le secrétaire de la section d’Amiens plus ou moins officieux. Il est arrivé en 2001 après la perte de la municipalité de Mers-les-bains. Son rêve est d’être élu comme si cela pouvait être un objectif en soi ! Il voulait être adjoint à Amiens maintenant il souhaite devenir conseiller général. Il partage les mêmes intérêts que Joël Carliez : ne surtout pas revenir dans le monde du travail et tenter d’accéder à un mandat électif rémunérateur. Le parti est perçu uniquement comme un marche-pied pour leurs satisfactions personnelles.
 Jean-Claude Renaux, maire PCF de Camon, mène une politique de notable. Le collectif du parti n’est là que pour affermir son mandat. Comme le PCF n’apporte que peu de plus-value électorale, il peut le négliger. Il a certes pour le parti un attachement affectif et il se méfie du front de gauche qui pourrait contrecarrer ses efforts pour lier le PCF au PS afin d’empêcher ce même PS de venir le menacer dans sa commune.
 Colette Finet, maire PCF de Longueau, a adopté la même stratégie. Elle s’est mise (comme Jean-Claude Renaux) au service de la politique d’austérité du PS entre 2008 et 2014 à la communauté de communes. À présent elle croit défendre sa commune en cogérant Amiens-Métropole avec l’UMP en compagnie du maire de Camon c’est dire le manque de conscience politique de ces élus communistes qui veulent se persuader que leur participation à l’exécutif est juste technique. Il est évident que Joël Carliez et Laurent Beuvain, dépourvus de mandat, ne peuvent rien imposer à ces deux élus...
La deuxième partie est composée de militants. Elle s’amenuise toujours plus car les adhérents fuient ou le peu qui reste abdique tout esprit critique. On entend ainsi de lâches arguments du genre : « Le PCF à Amiens, oh non, je ne veux pas m’en mêler... » Le petit groupe dirigeant a ainsi beau jeu de maintenir son petit pouvoir. Il fait également tout pour qu’il y ait le moins d’adhérents possible puisqu’ils pourraient poser des questions gênantes ou vouloir participer au processus de décision. Comme j’anime avec d’autres un groupe dynamique de militants et d’anciens adhérents groupe qui a tout de même réussi, avec le seul appui du PG de la Somme, à faire près de 9 % aux élections municipales, il a bien fallu m’exclure car le petit groupe dirigeant avait évidemment choisi de faire liste commune avec le PS dès le premier tour. Soit on obéit, soit on est viré !
J’ai fait appel à la direction nationale du PCF. Rien. Aucune réponse à mes courriers. La commission nationale des conflits est indifférente. On refuse ma cotisation. Le conseiller régionale Olivier Chapuis-Roux du MUP est toujours au PCF malgré le fait qu’il a figuré sur la liste du PS aux élections régionales de 2010 alors que le front de gauche avait constitué une liste autonome en Picardie. La règle n’est pas la même pour moi. Je finirai en citant deux passages d’Antonio Gramsci qui a dirigé le parti communiste italien à ses débuts. Ces deux passages montrent de manière générale et théorique le processus de décomposition qui est à l’oeuvre aujourd’hui au sein du PCF. Si aucun membre de la direction nationale ne vient à Amiens pour tenter de faire respecter au minimum la démocratie interne c’est que cette situation ne les choque pas et qu’elle existe donc dans les autres départements.
Quand le parti est progressiste, il fonctionne « démocratiquement » (au sens d’un centralisme démocratique), quand le parti est régressif, il fonctionne « bureaucratiquement » (au sens d’un centralisme bureaucratique). Dans ce dernier cas le parti est un simple exécutant, non délibérant : il est alors techniquement un organe policier, et son nom de parti politique est une pure métaphore de caractère mythologique. Antonio Gramsci, cahier 14 : Mélanges, 1932-1934, la fabrique éditions 2011.
La capacité du parti à réagir contre l’esprit de routine, contre les tendances à se momifier et à devenir anachronique. Les partis naissent et se constituent pour diriger la situation dans des moments historiquement vitaux pour leurs classes ; mais ils ne savent pas toujours s’adapter aux tâches nouvelles, ils ne savent pas toujours se développer parallèlement au développement des rapports globaux de force (et donc à la position relative de leurs classes) dans le pays concerné ou dans le domaine international. Quand on analyse ces développements des partis, il faut distinguer : le groupe social ; la masse du parti ; la bureaucratie et l’état-major du parti. La bureaucratie est la force routinière et conservatrice la plus dangereuse ; si elle finit par constituer un corps solidaire, qui existe pour lui-même et se sent indépendant de la masse, le parti finit par devenir anachronique et, dans les moments de crise aiguë, il se vide de son contenu social et demeure comme perché dans les nuages. Antonio Gramsci, cahier 13, petites notes sr la politique de Machiavel, 1932-1934, la fabrique éditions 2011.de :  
CED
dimanche 4 mai 2014 -

samedi 3 mai 2014

Notre Histoire.

L’HISTOIRE DU 1er MAI, JOURNEE INTERNATIONALE DE CÉLÉBRATION DES LUTTES DES TRAVAILLEURS  
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Le XIXe siècle voit la naissance de la classe ouvrière.
La prolétarisation du travail se développe au fur et à mesure que la mécanisation industriel vient remplacer les anciennes formes de production.
Les employeurs sont les maîtres absolus des entreprises et les conditions de travail sont misérables.
Les journées de travail comportent souvent 15 a 16 heures par jour sans repos hebdomadaire et encore moins annuel.
Des enfants de 6 ans travaillent souvent dans les usines et les mines, des femmes sont employées au fond de la mine et à des travaux pénibles et insalubres. Les ouvriers n’ont pas le droit de s’organiser.
Le "droit de coalition" est seulement reconnu en 1824 en Grande-Bretagne, en 1864 en France (mais il faudra attendre 1884 pour le syndicalisme), en 1869 en Allemagne.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la première guerre mondiale, la population industrielle continue de croître constamment.
Entre 1895 et 1914, le nombre d’ouvriers passe de 5 à 7 millions aux Etats-Unis, de 8 à 12.500.000 en Grande-Bretagne, de 3 à 4.500.000 en Russie. En France, la population ouvrière était en 1866 de 5.575.000 hommes et 3.385.000 femmes.
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1831 : la Révolte des Canuts
La révolte des Canuts, à Lyon, en Novembre 1831, fut la première insurrection sociale caractérisée, au début de l’ère de la grande industrie.
Elle a pour origine la baisse des salaires depuis les meilleures années de l’Empire.
Les Canuts (ouvriers de la soie) veulent profiter de la reprise de la vente des soieries, après 1830, pour obtenir la fixation d’un tarif minimal pour le prix des façons. Une délégation de patrons et d’ouvriers, réunie sur la proposition du préfet le 25 Octobre, établit un tarif et confie au Conseil des Prud’hommes la charge d’en surveiller l’application.
Mais l’intervention du préfet a été mal vue par un certain nombre de fabricants, qui tiennent son attitude pour démagogique, et les concessions de leurs représentants pour des marques de faiblesse : 104 d’entre eux refusent d’appliquer le tarif, qu’ils dénoncent comme entrave à la liberté des marchés et rejettent comme exorbitantes les prétentions des Canuts, en matière de salaire (10 Novembre 1831).
De là, découlent les colères ouvrières et l’insurrection du 21 au 24 Novembre.
La monarchie française envoie 20.000 hommes de troupe et 150 canons pour réprimer "l’émeute".
C’est à cette époque que le ministre français Casimir Perrier déclarait : "Il faut que les ouvriers sachent bien qu’il n’y a pas de remède pour eux que la patience et la résignation  !".
1834 : seconde insurrection des canuts
Ils occupent les hauteurs de Lyon et feront face pendant 6 jours a 12.000 soldats.
En 1840 : grèves
D’importantes grèves corporatives se déroulent en France.
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1848 : les "trois huit"
A partir de 1848, les dirigeants ouvriers axent leurs revendications sur la journée de 8 heures, comprise dans une perspective d’éducation ouvrière : huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures pour s’instruire et cultiver son corps.
1848, c’est aussi l’année de la publication du "Manifeste communiste" de Karl Marx.
Le 22 février 1848 manifestation monstre à Paris, chute de la monarchie et naissance de la IIe République.
Le 23 juin 1848 sur 120.000 ouvriers licenciés par les Ateliers nationaux, 20.000 descendent dans la rue. Ils forment jusqu’à 400 barricades.
La Commission exécutive charge le général Louis Eugène Cavaignac de la répression. Celle-ci est terrible, à la mesure de l’effroi qu’éprouvent les bourgeois de l’Assemblée.
En trois jours de combat, du 23 au 26 juin, on relève 4.000 morts parmi les insurgés et 1.600 parmi les forces de l’ordre. Le gouvernement républicain arrête 25.000 personnes et 15.000 déportés et emprisonnes sans jugement.
Troisième insurrection des canuts.
1864 : Premiere Internationale
En 1864, est crée la Première Internationale Ouvrière et dans les pays industriels, malgré des difficultés énormes, le syndicalisme commence a s’organiser.
1868 : les huit heures aux Etats-Unis
Le gouvernement américain accorde, en 1868, la journée de huit heures à tous les journaliers, ouvriers, artisans, employés par l’administration fédérale. Mais la loi n’est pas appliquée. Aussi, en 1881, la Fédération américaine du Travail (A.F.L.) décide de passer a l’action.
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1871 : la Commune
Le 18 mars 1871, à la suite de la guerre franco-allemande de 1870, une révolte populaire éclate à Paris. La Commune de Paris est crée.
Elle sera écrasée quelques semaines plus tard par l’alliance des bourgeoisies française et allemande avec Thiers et Bismarck.
25.000 travailleurs parisiens seront massacrés par les forces de répression, les cadavres seront brûlés, 38.500 arrestations seront opérées, 13.700 seront condamnés à des peines allant jusqu’à 90 années de prison, 3.000 mourront dans les pontons, la prison, le bagne et l’exil.
1873-1895 : des grèves violentes
En 1873, en Angleterre et surtout en 1899 à Londres ou les dockers arrêtent tout travail.
En Allemagne, grèves et manifestations des travailleurs de la Ruhr.
1884 : congrès de l’American Federation of Labor
Au cours de leur congrès de 1884, les syndicats étasuniens se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures.
Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable.
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1886 : la grève de Chicago
En 1886, le Congres National du Travail, aux Etats-Unis, marque la volonté d’obtenir le résultat de : 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures d’éducation.
Le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200.000 travailleurs d’obtenir la journée de huit heures.
D’autres travailleurs, moins chanceux, entament une grève. Ils sont environ 340.000 dans tout le pays.
Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago.
Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.
C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.
Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines.
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, Augustin Spies : "Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui".
En France, le sang coule à Decazeville.
En 1886 également, en Belgique revoltes populaires et fusillades à Roux et publication du "Catéchisme du Peuple" d’Alfred Defuisseaux, etc...
1889 : le congrès de la IIe Internationale
C’est à Paris l’année même du premier centenaire de la Révolution française que blanquistes et guesdistes tiennent au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, le deuxième congrès de l’Internationale socialiste. Ce congrès décide qu’il sera "organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu’une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l’Afl, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation."
1891 : Fourmies
Dans une petite ville du nord de la France, une manifestation pacifique se rend en cortège à la mairie. La troupe, équipée des tout nouveaux fusils Lebel et Chassepot d’une portée de tir supérieure à deux kilomètres, tire à bout portant sur la foule. Parmi les morts, huit victimes ont moins de vingt et un ans, dont la jeune ouvrière Marie Blondeau et un jeune conscrit du nom d’Edouard Giloteaux. Habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, Marie Blondeau restera longtemps dans l’imagerie populaire comme une sorte de Vierge profane. Avec ce nouveau drame, le 1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.
Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.
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1892 : création de l’Inspection du Travail
Le 22 mars 1841, après l’enquête du docteur Villermé, la première loi limitant le travail des enfants employés dans les manufactures est adoptée. Elle est à l’origine en 1892 de la création d’un corps d’inspecteurs du travail pour contrôler l’application de la réglementation naissante du travail. A partir de 1892-1893 donc, la législation du travail se développe (Code du travail 1900-1912) et l’inspection du travail est chargée de contrôler l’application des premiers règlements relatifs à l’hygiène et la sécurité du travail.
1893 : loi sur l’assistance médicale gratuite
Il faut attendre la loi de novembre 1892 pour que la journée de travail soit fixée à 12 heures pour les hommes et 10 pour les enfants. Dans de telles conditions les caisses de secours mutuels sont indispensables à la survie ouvrière. Elles défendent pied à pied leur autonomie et obligent le législateur à enfin se pencher sur la protection sociale. En 1893 une première loi sur l’assistance médicale gratuite est votée. Elle s’applique aux indigents quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle. Dans la foulée de ce premier acquis, suivent les premiers régimes d’assurances sociales : dans les mines en 1894, aux chemins de fer en 1909.
1898 : loi sur les accidents du travail
En 1898 une nouvelle loi précise l’aide de l’État aux sociétés de secours mutuels. Le 9 avril de la même année le Parlement adopte un texte sur les accidents du travail. Pour la première fois l’employeur est responsabilisé. Il doit payer les frais médicaux à l’ouvrier blessé et en cas d’invalidité, il doit verser une indemnité allant de 33 à 50% du salaire.
1910 : loi sur les retraites ouvrières et paysannes
Enfin il faut attendre avril 1910 pour voir apparaître une loi sur les retraites ouvrières, la loi sur les "retraites ouvrières et paysannes", qui ouvre la possibilité d’une pension à partir de 65 ans pour ceux et celles dont les revenus sont inférieurs à 3 000 francs par an, me ne permet pas un véritable élargissement du droit à la retraite.
1919 : le traité de Versailles
La fin de la Première Guerre mondiale va sonner en deux temps l’avènement de la journée de huit heures. D’abord la loi du 23 avril sur les huit heures est publiée au Journal officiel de la République française le 25avril. Ensuite, le 22 juin est signé (pour la France par Georges Clemenceau, par le président Wilson pour les Etats-Unis et par Llyod George pour la Grande- Bretagne) le traité de Versailles qui fixe dans son article 247 "l’adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n’a pas encore été obtenue". La fin de la guerre est aussi l’occasion de mettre en place la Sdn (Société des nations) ainsi que l’Organisation internationale du travail (OIT). Si la Sdn a été remplacée, depuis, par l’Onu, l’Oit, elle, a survécu au second conflit mondial. Dès lors les manifestations du 1er Mai porteront d’autres revendications que la journée de huit heures tout en poursuivant ce grand rêve prolétarien de l’époque : la société libérée du travail contraint. En attendant que le droit à la paresse revendiqué par le gendre de Karl Marx soit établi, le mouvement ouvrier va partir à la conquête des congés payés. A Paris, les manifestants se heurtent à la police et deux ouvriers sont tues.
1920 : en Russie
En 1920, la Russie communiste décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale du travail. Son exemple est suivi dans la plupart des autres pays sous la poussée des syndicats d’obédience communiste.
1926 : la revendication des congés payés
C’est sans aucun doute à l’occasion du congrès que tient la Cgt en 1926 (une partie de ses membres est allée fonder la Cgt- Unitaire) qu’apparaît pour la première fois la revendication des congés payés pour tous les salariés (certaines professions les ont déjà obtenus). C’est également en 1926 que la Cgt prend position en faveur des assurances sociales. Une question qui n’avait rien de consensuel puisqu’à l’époque des syndicalistes étaient contre toute cotisation payée par les salariés.
1929 : la montée des périls en Allemagne
Dans l’histoire sociale et politique allemande ce 1er Mai 1929 restera marqué d’une pierre noire. Les manifestations sont interdites à Berlin par le préfet Zoot Giebel. Les manifestants passent outre l’interdiction. La répression sera sanglante. Elle fera trente-trois morts et deux cents blessés. La division entre les communistes et socialistes est à son comble.
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1936 : le 1er Mai du Front populaire
Dans l’histoire du 1er Mai l’année 1936 est certainement une des plus importantes. Plusieurs événements vont la marquer. D’abord dès le mois de mars se tient du 2 au 6 mars le congrès au cours duquel la Cgt se réunifie. Ensuite la manifestation du 1er Mai tombe deux jours avant les élections législatives qui vont porter au pouvoir les forces politiques du Front populaire. Enfin après un mouvement de grève mémorable sont signés en juin les accords de Matignon qui légalisent la semaine de quarante heures, les congés payés ainsi que les conventions collectives. L’année suivante le 1er Mai 1937 aura lieu sans doute la plus grande manifestation jamais organisée en France.
1941 : la fête du Travail
Le 24 avril 1941, pendant l’occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné comme la Fête du Travail et de la Concorde sociale et devient chômé, à l’initiative de René Belin. Cet ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération Générale du Travail) était devenu secrétaire d’État au Travail dans le gouvernement du maréchal Pétain. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du Maréchal, Saint Philippe (aujourd’hui, ce dernier est fêté le 3 mai) !
1947 : journée chômée
En avril 1947, sur proposition du député socialiste Daniel Mayer et avec l’accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er Mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1er Mai ne sera pas assimilé à une fête légale.
1950 : création du SMIG
C’est la Charte du travail promulguée le 4 octobre 1941 qui a ouvert la voie. Il y est parlé d’un salaire minimum vital et cette notion a nécessairement un caractère universel : le minimum vital est le même, pour tout le monde, quelle que soit la profession. Reste que le coût de la vie n’est pas partout le même ce qui était beaucoup plus sensible alors qu’aujourd’hui. On avait donc divisé le pays en une vingtaine de « zones de salaire », avec chacune un taux différent du salaire minimum, mais tous les salaires minima procédaient dégressivement de celui de la zone 0 (Paris) selon un pourcentage fixé : zone -2,5%, zone -4%, etc. ce qui permettait de maintenir l’unité tout en respectant la diversité. Ce système des zones ne devait disparaître qu’en mai 1968 : il n’y avait alors plus que deux zones. La loi du 11 février 1950 sur les conventions collectives rendit aux partenaires sociaux la liberté de négocier les salaires, suspendue dès le début des hostilités en 1939, mais à la fois pour laisser au gouvernement une flexibilité d’intervention dans le domaine des salaires et pour rassurer les syndicats qui craignaient de ne pas être de force, du moins dans certains secteurs d’obtenir des salaires convenables, la loi créa un salaire minimum national interprofessionnel garanti, le SMIG (SMNIG aurait été imprononçable) que le gouvernement fixerait par décret à partir d’un budget type - celui des manœuvres célibataires dans la métallurgie parisienne - établie par une commission paritaire des partenaires sociaux.
1954 : les manifestations sont interdites
Alors que la guerre d’Indochine se termine pour les autorités françaises avec la partition du Vietnam, une autre guerre, une guerre sans nom commence en Algérie. Elle va durer huit ans. Dès lors les manifestations seront interdites dans Paris. Celle du 1er Mai 1954 se transformera en un rassemblement sur la pelouse de Reuilly. Il faudra attendre quinze années c’est-à-dire 1968 pour qu’à l’initiative de la Cgt, à nouveau, le monde du travail se donne rendez-vous dans les rues de Paris pour défiler un 1er Mai. Le cortège partira de la République pour se rendre à la Bastille, symbole des libertés recouvrées. Depuis, les cortèges du 1er Mai ont connu des fortunes diverses. La manifestation la plus importante de l’après mai 1968 fut probablement celle de 1975, qui fut prétexte à fêter la fin de la guerre de Vietnam.
1958 : création des ASSEDIC
Création des ASSEDIC et UNEDIC (l’indemnisation du chômage était assurée depuis 1951 par les communes) L’UNEDIC est une association, gérée paritairement : elle réunit les syndicats dit représentatifs (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO) et le patronat (MEDEF, CGPME, UPA). Les sièges sont répartis à égalité entre les deux. L’UNEDIC fédère les ASSEDIC, décide de leur implantation et en nomme les directeurs régionaux. Elle décide des règles d’indemnisation du chômage, ces règles sont révisées à l’occasion de la renégociation de la convention.
1967 : création de l’ANPE
Le premier découpage du territoire en zones de compétence "agences locales pour l’emploi" date de la création de l’ANPE en juillet 1967. Elaboré avec le ministère du Travail, le premier zonage prévoyait une implantation progressive du réseau de 1000 points ANPE.
1970 : création du SMIC
La loi du 2 janvier 1970, présentée
par Chaban-Delmas, remplaça le SMIG par le salaire minimum de croissance (SMIC), indexé à la fois sur le prix et sur les salaires : l’accroissement annuel du pouvoir d’achat du SMIC ne peut être inférieur à la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat des salaires moyens enregistrés par l’enquête trimestrielle du ministère du travail. Ce système qui nous régit toujours a entraîné une hausse considérable du salaire minimum et par voie de conséquence une multiplication du nombre de smicards, non par paupérisation, mais par relèvement du niveau de vie de ceux qui gagnent le moins. Conséquence : un écrasement de la hiérarchie qui n’est certainement pas propice à l’émulation. Conséquence aussi : le rétrécissement du champ d’action de la négociation collective, les gains de productivité et autres améliorations qui permettaient de satisfaire les revendications étant absorbés chaque année par la hausse du SMIC. Ainsi le SMIC est devenu le principal moteur du mouvement
des salaires au détriment des salaires négociés. Par crainte de leur propre faiblesse, les syndicats ont demandé à la loi de protéger fortement les salaires, mais ils ont ainsi réduit considérablement leurs possibilités d’intervention.
DOCUMENTS ANNEXES
VEILLESSE, RETRAITES
1850 Caisse Nationale des Retraites pour la Vieillesse, organisée par l’Etat, fondée sur la "prévoyance" individuelle (rentiers, employés, professions libérales).
1853 Régime des agents de l’Etat.
1890 Loi sur l’homologation ministérielle des statuts et règlements des caisses de retraite et de secours des compagnies de chemins de fer (faiblement appliquée).
1894 Loi sur les Caisses de retraites des ouvriers mineurs. Première brècheau principe de liberté.
1895 Loi "des garanties" : oblige les employeurs à verser les cotisations (ouvrières et patronales) soit à la Caisse Nationale des Retraites pour la Vieillesse, soit à la Caisse des Dépôts, soit à des caisses agréées.
1898 Loi sur la mutualité (maladie et retraites).
1905 Loi "d’assistance" : garantie d’assistance à tout Français de plus de 70 ans, sans ressources.
1909 Régime de retraite des chemins de fer.
1910 Loi sur les retraites ouvrières et paysannes : assurance vieillesse obligatoire des salariés. Blocage de la mise en oeuvre de l’obligation par la hiérarchie judiciaire (arrêts de la Cour de Cassation).
1930 Assurance vieillesse obligatoire (les assurés ont le choix de l’organisme assureur, floraison d’institutions) pour les salariés de l’industrie et du commerce dont le salaire est inférieur à une certaine limite (plafond d’affiliation).
1941 Allocation aux vieux travailleurs salariés. Système de répartition substitué au système de capitalisation.
1945 Inclusion de l’assurance vieillesse à la sécurité sociale ; extension à tous les salariés, sans limite de salaire (plafond de cotisation). Création d’un régime général et de régimes spéciaux (régimes anciens garantissant certains avantages supérieurs à ceux du nouveau régime).
1947 Régime complémentaire des cadres.
1948 Régimes autonomes mis en place pour certaines professions non salariés refusant d’entrer dans le régime des salariés (professions commerciales et industrielles ; artisans ; professions libérales).
1951 Régime autonome agricole.
1956 Fonds national de solidarité (ressources fiscales) ; minimum vieillesse.
1972 Extension à tous les salariés non-cadres de l’obligation d’adhérer à un régime complémentaire, par l’intermédiaire de l’Association des régimes de retraite complémentaire (ARRCO).
ACCIDENTS DU TRAVAIL
1813 Caisses de secours des mines
1868 Caisse nationale d’assurance contre les accidents du travail But : encourager les employeurs et travailleurs à s’assurer individuellement, aucune obligation. De 1868 à 1898, 99 cas seulement sont soumis. Les travailleurs ne se sont pas assurés. Les petits patrons n’ont pas assuré leurs salariés. Les grandes entreprises ont eu recours à d’autres formes d’assurance].
1898 Loi sur la mutualité ("charte de la mutualité") : autorisation administrative supprimée pour la création des mutuelles. Loi sur les accidents du travail (industrie, commerce), abandon de la notion de stricte responsa8ilité individuelle de l’article 1382 du Code civil. Ouverture des hôpitaux pu8lics aux ouvriers et non plus aux seuls indigents.
1899 Loi sur accidents du travail dans l’agriculture, ne concerne que les salariés agricoles des exploitations avec machines mues mécaniquement.
1919 Nouvelle forme reconnue de risque du travail : les maladies professionnelles.
1923 Extension de la législation sur les accidents du travail aux gens de maison.
1928 Extension aux salariés de toutes les exploitations agricoles.
1938 Extension à tous les employeurs.
1945 Inclusion des accidents du travail au régime général de la sécurité sociale
1966-1972 Lois mettant fin au régime de la loi de 1899 sur les accidents du travail en agriculture.
MALADIE, INVALIDITÉ, MATERNITÉ
19ème siècle La couverture du risque de maladie relève de la libre adhésion à des mutuelles ; des associations charitables ; de l’assistance de l’Etat (faible) et surtout des collectivités locales.
1884 Loi imposant aux communes l’assistance aux enfants abandonnés et aux aliénés.
1893 Loi sur l’assistance médicale gratuite (40 % des dépenses à la charge des communes).
1904, 1905, 1913 Lois sur l’assistance obligatoire certaines catégories de population, enfants assistés,vieillards, et infirmes, Femmes en couches), financement réparti entre les collectivités locales et l’Etat.
1921 Début du débat sur les assurances sociales.
1928- Loi sur les assurances sociales. Création de l’assurance maladie. Gestion par des caisses
1930 privées, sous tutelle de l’administration. Affiliation obligatoire pour les salariés ayant un salaire inférieur à un certain montant (plafond). Augmentation rapide des assurés immatriculés (environ 10 millions d’assurés des professions non-agricoles, 1,5 million d’assurés de professions agricoles).
1945 Création de la Sécurité sociale (regroupe les assurances sociales, l’allocation aux vieux travailleurs salariés : des régimes d’accidents du travail et maladies professionnelles, les allocations familiales et de salaire unique ). Elle comprend le régime général et des régimes spéciaux. Financement par cotisations sur les revenus professionnels (salariés et employeurs). Gestion du régime général fondée sur la participation des employeurs et des salariés [proportion de 1/4 et 3/4 respectivement) aux caisses primaires et régionales de sécurité sociale.
1949 BAPSA (Budget annexe des prestations sociales agricoles).
1956 FNS (Fonds national de solidarité).
1961 AMEXA (Assurance maladie des exploitants agricoles).
1967 Première vague de réformes (séparation des risques, équilibre financier de chaque risque, parité des organisations syndicales et professionnelles, suppression des élections, renforcement du contrôle de l’Etat, création de trois Caisses nationales : assurance maladie, assurance vieillesse, allocations familiales).
1974 Deuxième vague de réformes (compensation financière entre les régimes de base obligatoires à l’exclusion des régimes complémentaires).
1978 Extension de la couverture à la quasi totalité de la population.
ALLOCATIONS FAMILIALES
Fin du 19ème siècle Prise de conscience du déclin démographique ; influence du catholicisme social  ; Alliance Nationale pour l’Accroissement de la Population, initiatives du patronat (Harmel, 1891).
1899-1900 Sursalaire familial dans plusieurs ministères. Décret obligeant les entreprises adjudicataires de travaux publics à verser des allocations familiales.
1914-1918 Aides de l’Etat et des collectivités locales aux familles nombreuses nécessiteuses.
1916 Caisses de compensation (Romanet).
1917 Supplément familial de traitement versé à tous les fonctionnaires.
1918-1919 Primes de natalité et d’allaitement.
1920 Conseil supérieur de la natalité.
1921 Création d’un Comité central des allocations familiales par les différentes caisses de compensation.
1932 Affiliation obligatoire de tous les employeurs de l’industrie et du commerce à des caisses de compensation avec liberté des prestations au-dessus d’un minimum, ce qui conduit à de grandes disparités.
1938 Unification par zones des taux de prestations.
1939 Code de la Famille ; unification des allocation familiales, relèvement des taux.
1945 Rattachement des allocations familiales à la sécurité sociale, mais elles sont dissociées du salaire et modifiables sur simple initiative des pouvoirs publics. Jusqu’à cette date, les caisses de compensation étaient des institutions patronales. Création du ministère de la population.
1948 Allocation logement, incluse dans la sécurité sociale. Elle coïncide avec la libération des loyers et a initialement un caractère d’aide familiale.
1971 Extension de l’allocation logement.
SANTÉ
19ème siècle Les questions de santé publique ne sont pas séparées de celle de l’assistance. L’assistance est communale, sans subvention de l’Etat. Leur prise en charge incombe principalement aux communes et aux départements (un bureau de bienfaisance obligatoire dans chaque commune depuis une loi de 1796, obligation demeurée sans effet en l’absence de subvention de l’Etat).
1852 st 1854 circulaires invitant les conseils généraux à créer dans leurs départements un service médical gratuit en faveur des habitants pauvres.
1884 Premier crédit au budget pour l’assistance médicale dans les campagnes.
1893 Loi sur l’assistance médicale gratuite (prise en vue de pallier les inégalités entre communes urbaines et campagnes).
1898 Ouverture des hôpitaux publics aux non indigents (aux ouvriers victimes d’accidents du travail)
1902 Loi sur la protection de la santé publique (impose un règlement sanitaire dans chaque commune ; rend obligatoire la vaccination antivariolique, entre autres).
1905 Loi sur l’assistance obligatoire aux vieillards, infirmes et incurables.
1916 Loi sur les dispensaires d’hygiène sociale, lutte contre la tuberculose.
1919 Loi sur les sanatoriums.
1920 Création du Ministère de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociales.
1930 Création du Ministère de la santé publique.
1941 Ouverture des hôpitaux à la clientèle payante. 1944 Le "prix de journée" des hôpitaux publics est fixé par le préfet. Code de la santé (contrôle des produits pharmaceutiques).
1958 Réforme hospitalière ; création des centres hospitalo-universitaires (CHU) ; établissement de règles de détermination du prix de journée.
1970 Deuxième réforme hospitalière : recherche d’une plus grande coordination entre établissements publics et établissements privés ; création d’une carte sanitaire ; régime de "concession" ouvert aux établissements privés.
1978 Les dépenses d’hospitalisation considérées comme source importante du déficit de la sécurité sociale. Recherche d’un nouveau système de tarification.
ORGANISATION DE LA PROFESION MEDICALE
19ème siècle - Hôpitaux réservés aux indigents jusqu’en 1898. Deux catégories de médecins existent :
1- Les docteurs en médecine ou en chirurgie. Loi de 1803 leur accorde la liberté d’installation et la liberté de prescription curative.
2- Les officiers de santé, catégorie inférieure (études moins longues et moins coûteuses, ne peuvent exercer que dans le département pour lequel ils sont admis (jury d’examen départemental).
Une loi de 1892 abolit l'officiat et reconnaît les syndicats médicaux qui désormais peuvent se porter en justice contre l’exercice illégal de la médecine. Trois modes d’exercice et de rétribution de la médecine existent : bureaux de bienfaisance et service des indigents des campagnes ; sociétés de secours mutuel (abonnements annuels pour soins) ; paiement à l’acte pour la médecine "privée".
- Montée de la médecine "libérale" à la fin du siècle : lutte contre la "concurrence" par limitation du nombre de médecins, publication de tarifs minima par les syndicats médicaux ; développement du paiement à l’acte au détriment des abonnements ; légalisation de la cession de clientèle (1898) ; développement des cliniques privées à but lucratif (facilité par les progrès de la chirurgie) ; développement du thermalisme.
- Affirmation des médecins comme corps organisé de défense d’intérêts communs et de groupe de pression contre le projet d’assurances sociales.
1928 Création de la Confédération des syndicats médicaux français [CSMF], défense de la rémunération à l’acte, du paiement direct des honoraires par le malade au médecin, du libre choix par le malade, de la liberté de prescription.
1940 Constitution de l’Ordre des médecins, suppression des syndicats médicaux, rétablis en 1945.
1945 Création du tarif opposable, dans le cadre de la sécurité sociale. Forte opposition de la CSMF.
1960 Nouveau système de tarifs conventionnés (80 % des médecins sont conventionnés en 1970), double tarif.
1971 Convention nationale, avec dérogations nombreuses.
LOGEMENT
1850 Loi sur les logements insalubres (pouvoirs aux conseils municipaux de créer des commissions afin d’assurer la salubrité ; 520 commissions municipales existent en 1858  ; 5 en 1862, désuétude de la loi).
1853 Société mulhousienne des cités ouvrières (fondée par des industriels).
1867 Société ouvrière de Paris fondée grâce à un don de 41 maisons par l’Empereur. Initiatives patronales.
1894 Habitations à bon marché (HBM) introduites par la "loi Siegfried" ; sociétés privées bénéficiant d’exemptions fiscales. La Caisse des Dépôts et Consignations, invitée par la loi à consentir des prêts à ces organismes, limite strictement ses concours.
1906 "Loi Strauss" autorise la participation des collectivités locales au financement des HBM.
1912 "Loi Bonnevay" : offices communaux d’HDM, intervention directe de l’Etat.
1914 Délais moratoires accordés aux locataires ; début du blocage des loyers des immeubles construits avant 1914.
1928 "Loi Loucheur" : augmente la capacité d’intervention des collectivités locales ; programme de 260 000 logements à réaliser en cinq ans ; accroissement du rôle de la Caisse des Dépôts.
1930 "Loi Bonnevay" : accroît l’aide de l’Etat.
1943, 1945 Les CIL (Comités interprofessionnels du logement), financement par cotisation fondée sur les salaires (1 %).
1947 HLM (Habitations à layer modéré) remplaçant les HBM.
1948 Loi sur les loyers (liberté des loyers des habitations construites après 1948) - Allocation logement.
1949 "Loi Minjoz" : accroît les possibilités d’emprunt pour les HLM (initiative reconnue aux caisses d’épargne pour l’attribution de prêts aux collectivités locales). En fait financement principal par prêts directs du Trésor. Reconstruction.
1950 "Primes d’Etat" à la construction et prêts spéciaux du Crédit Foncier.
1953 "Plan Courant" : naissance d’un secteur para-public géré par l’Etat et le patronat. Logécos. Contribution patronale obligatoire, le "1 % patronal", première loi contraignante sur le patronat, pour le logement social.
1954 Création de la SCIC (Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts).
Années 1960 Développement de la "promotion immobilière".
1964"Débudgétisation"des HLM,charge
transférée à laCaisse des Dépôts et au Crédit Foncier.
1965 Épargne logement.
1966 CPHLM (Caisse des prêts aux organismes d’HLM ; centralisation des principaux moyens de financement).
1967 Réforme du système bancaire. Création d’un marché hypothécaire. Accroissement du financement bancaire.
1977 Aide personnalisée au logement.
1979 Libération des loyers.
URBANISME
Fin du 19e siècle Transformations des centres des grandes villes (Paris, Lyon, Marseille)
Construction du métro parisien.
1919 Première loi sur les plans d’urbanisme (villes de plus de 5 000 habitants).Peu appliquée.
1953 Loi foncière pour l’aménagement de zones d’habitation et de zones industrielles.
1955 Création de la SCET (Société Centrale pour l’Equipement du Territoire).
1959 ZUP (Zones à urbaniser en priorité).
1962 ZAD (Zones à aménagement différé).
1963 FNAFU (Fonds national d’aménagement foncier et d’urbanisme) remplace le FNAT (Fonds national d’aménagement du territoire).
1966 CAECL (Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales), gérée par la Caisse des Dépôts et Consignations.
1967 Loi d’orientation foncière, prévoit l’établissement de SDAU (Schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme), de POS (plans d’occupation des sols), la constitution de réserves foncières.
LA FETE DU TRAVAIL DANS LE MONDE
Aujourd’hui, la Fête du Travail est commémorée par un jour chômé le 1er mai dans la plupart des pays... mais pas dans tous.
En Belgique (et au Luxembourg)
Le 1er mai est chômé et les partis socialistes en profitent pour défiler et réaffirmer leur ancrage à gauche. Notons qu’au milieu du XXe siècle, le 1er mai socialiste fut concurrencé par les cortèges "Rerum Novarum" de l’abbé Joseph Cardijn, fondateur de la Jeunesse Ouvrière Catholique (JOC). Ces cortèges d’ouvriers chrétiens avaient lieu le jour de l’Ascension.
En Allemagne
Le 1er mai est chômé. Il donne aussi lieu à des réjouissances en l’honneur du printemps selon le rite ancestral de l’arbre de mai, que l’on retrouve dans différentes régions d’Europe (on peut lire à ce propos un très joli poème de Victor Hugo).
En certains endroits, comme à Stuttgart, les enfants profitent de la nuit précédant le 1er mai pour faire des farces d’une façon qui rappelle Halloween.
Aux Pays-Bas
Le 1er mai reste ordinairement ouvré. Idem en Suisse. Quelques entreprises et organisations internationales concèdent cependant à leur personnel un jour de congé en l’honneur de la fête du Travail. À noter que le canton de Fribourg commémore le 1er mai... l’arrivée du printemps, avec chants et distribution de friandises aux enfants.
En Israël
On ne chôme pas le 1er mai, bien que l’État juif ait été fondé par des militants socialistes.
Au Royaume-Uni
Ce n’est pas le 1er mai qui est chômé mais le premier lundi de mai... ce qui permet aux salariés de bénéficier chaque année d’un week-end prolongé.
Aux États-Unis
Le "Labor Day" (ou Jour du Travail) ne doit rien à la fameuse journée de 1886.
Il tire ses origines d’une grève des cheminots qui, en 1894, avaient voulu soutenir les ouvriers de l’entreprise Pullman, eux- mêmes en grève contre leur employeur.
Le président américain Grover Cleveland n’avait pas hésité à envoyer 12.000 hommes de troupe pour briser le mouvement et deux hommes furent tués au cours des affrontements, à Kensington, près de Chicago.
La grève fut déclarée terminée le 3 août 1894, les ouvriers de Pullman prenant même l’engagement de ne plus se syndiquer.
Les citoyens américains s’étant indignés des méthodes brutales du président Cleveland, leurs représentants de Washington réussirent à faire passer la proposition d’un jour chômé pour honorer les travailleurs.
Le président lui-même signa le projet de loi six jours à peine après l’intervention de l’armée, dans l’espoir de se faire réélire la même année... Mais cet espoir s’avéra vain.
Au Canada
La Fête du Travail est célébrée le 1er lundi de septembre (les puissants syndicats nord- américains comme l’AFL-CIO n’ont pas voulu s’aligner sur les syndicats européens d’obédience communiste).
Quelques syndicats québécois manifestent néanmoins le 1er mai en solidarité avec leurs homologues européens.
En Australie
Quelques syndicats socialistes ou communistes défilent aussi à l’occasion du 1er mai. Mais la fête du Travail est officiellement commémorée à d’autres dates : le 4 mars en Australie occidentale, le 11 mars dans l’État de Victoria, le 6 mai dans le Queensland et le territoire du Nord, le 7 octobre à Canberra (la capitale), en Nouvelle Galles du Sud (Sydney) et en Australie méridionale.
Amérique latine, Brésil compris
Commémore la fête du Travail en chômant le 1er mai. Mais, comme ailleurs, les défilés syndicaux ont largement cédé la place à des activités ludiques : pique-niques, football,...
Au Mexique
Dans l’État de Sinaloa, le 1er mai marque la fête de l’été avec la fin de la récolte des tomates et d’autres produits agricoles.
Au Paraguay
En 2002, le chef de l’État a tenté de remplacer le 1er mai par le premier lundi de mai (à la manière britannique). Mais l’opinion publique a rejeté cette réforme.
En Europe de l’est, en Pologne en particulier
Le 1er mai est toujours chômé mais les défilés, qui étaient quasiment obligatoires sous le régime communiste, ne font plus recette.
Au Japon
Ne célèbrent pas la fête du Travail mais la première semaine de mai, dite dorée, donne lieu à des festivités et des jours chômés.
En Russie
Le nouveau tsar Yeltsine, marionnette du capitalisme international et de l’Occident, a transformé officiellement la journée en "Fête du muguet".
LIBERER LES TRAVAILLEURS
Bien que le 1er Mai ait souvent perdu son caractère de grève, dans la mesure où ce jour est devenu un jour férié et payé, les organisations ouvrières ont toujours voulu lui maintenir son caractère de manifestation pour la libération des travailleurs.
Ce qui n’empêche évidemment pas les organisations ouvrières et communistes de poursuivre les manifestations et les mobilisations pour un nouveau monde et contre le système bourgeois.  
Roberto Ferrario

Article republie par moi même, l’original le 30 avril 2005 ici résultat de une recherche... différent sources internet... (le même article, donc le mien, a été retrouvé sur d’autre site sans aucun référence de l’auteur... pas cool...)