vendredi 27 juin 2014

Le communisme, dictature de voyous menteurs et méchants...



« Une nuit, une femme est arrêtée dans un appartement communautaire (cinq familles, vingt-sept personnes). A une voisine, qui est une amie, célibataire sans enfant, elle a le temps de crier qu'elle lui confie sa fille, et que, si elle ne revient pas, surtout on ne la mette pas dans un orphelinat. La voisine tient parole. Elle se voit attribuer une deuxième pièce, élève la petite qui l'appelle maman Ania. La mère est libérée dix-sept ans plus tard, et n'en peut plus de reconnaissance. Grâce à Gorbatchev qui ouvre les archives, elle peut consulter son dossier. Elle découvre qu'elle doit ses années de camp à une dénonciation. Qui l'a dénoncée ? Maman Ania. «Vous comprenez quelque chose ? Moi, non, dit Elena Iourevna, ex-troisième secrétaire du comité régional du Parti, à Svetlana Alexievitch venue l'interviewer. Et cette femme non plus, elle n'a pas compris. Elle est rentrée chez elle et elle s'est pendue.» Dans la Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement,qui est le dernier volet de la fresque «les Voix de l'utopie», il y a d'autres récits où la vie continue, où ceux qui reviennent du goulag côtoient ceux qui les ont dénoncés...
«Ce n'est pas sur la liberté qu'on s'est précipités, mais sur les jeans», dit Elena Iourevna, qui aurait voulu que le putsch contre Gorbatchev réussisse. Elle pense que Svetlana Alexievitch va effacer ses propos. Mais l'auteur s'autorise un de ses rares apartés, dans l'océan de paroles qu'elle a écopé, avec son magnétophone, pendant quarante ans, depuis que le journalisme l'a menée à la littérature : «Je lui promets qu'il y aura les deux histoires. Je tiens à être une historienne au sang froid, et non une historienne brandissant un flambeau allumé. C'est l'avenir qui jugera.».
Lu un livre, publié   chez Acte Sud, mon éditeur préféré : « La fin de l’homme rouge », de Svetlana Alexevitch. L’histoire d’une grande utopie. “Le communisme avait un projet insensé : transformer l’homme «ancien», le vieil Adam. Et cela a marché… En soixante-dix ans et quelques, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type d’homme particulier, l’Homo sovieticus.” C’est déjà lui qu’elle avait étudié depuis son premier livre, publié en 1985, cet homme rouge condamné à disparaître avec l’implosion de l’Union soviétique qui ne fut suivie d’aucun procès de Nuremberg malgré les millions de morts du régime. L’auteur fait résonner les voix de centaines de témoins brisés. Des humiliés et des offensés, des gens bien, d’autres moins bien, des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens impénitents malgré le Goulag, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant… Eva
La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement
Poursuivant son patient recueil de témoignages, Svetlana Alexievitch ausculte le coeur et l'âme de l'Homo sovieticus, passé brutalement du totalitarisme au nihilisme.
Voici plus de trente ans que Svetlana Alexievitch — journaliste et écrivain, ­naguère soviétique, aujourd'hui biélorusse — s'est mise à l'écoute. Sollicitant et consignant les mots, les récits des autres, tous témoins ordinaires de leur temps, pour composer ce qu'elle appelle des « romans de voix ». Singuliers et poignants tissus sonores donc, le travail de confection consiste à coudre entre elles les paroles recueillies, en préservant, outre les faits égrenés, le timbre, la respiration, les hésitations, les omissions, l'émotion contenue ou éclatante, la vitalité de chaque voix. Il y eut des voix de femmes soldats et d'enfants, se souvenant de la guerre entre l'URSS et l'Allemagne nazie (La guerre n'a pas un visage de femme, Derniers Témoins). Des voix de jeunes recrues soviétiques fracassées en Afghanistan, mêlées à celles de leur mère, de leur veuve (Les Cercueils de zinc). Les voix des témoins et victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (La Supplication). Tout ce vécu, toutes ces expériences individuelles constituant les archives confidentielles, menacées tant par l'oubli que par la négation, d'un xxe siècle dont l'historiographie officielle soviétique s'est employée à brosser un tout autre récit. Une Histoire écrite par ­Svetlana Alexievitch à hauteur d'hom­me — centrée sur le vécu, le ressenti.
Dans la préface de La guerre n'a pas un visage de femme, Svetlana Alexievitch expliquait : « Je n'écris pas sur la guerre, mais sur l'homme dans la guerre. J'écris non pas une histoire de la guerre, mais une histoire des sentiments. » De la même façon, au seuil de La Fin de l'homme rouge pourrait-il être précisé qu'il ne s'agit pas d'une histoire de l'effondrement de l'URSS et du basculement de l'ancien empire communiste dans l'âge capitaliste, mais plutôt de l'auscultation du coeur et de l'âme de ce « type d'homme particulier, l'Homo sovieticus ». Un individu passé sans transition du totalitarisme à une nouvelle forme de nihilisme. Né et élevé dans l'utopie socialiste — du moins, son avatar fatigué de l'ère Brejnev-Andropov-Tchernenko —, brutalement sommé de renoncer à ses routines, ses savoirs, son histoire et ses mythes, et enjoint à jouir de sa liberté toute neuve, essentiellement synonyme de consommation effrénée, d'inégalités sociales crian­tes, de conflits d'une violence effarante entre les peuples anciennement rassemblés derrière le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau.
Les hommes et les femmes dont Svetlana Alexievitch a recueilli les con­fes­sions racontent ici à mots con­crets leur quotidien, leurs souvenirs d'enfance ; ils confient leurs aspirations passées ou présentes, leur con­ception de la liberté ; ils disent leurs histoires d'amour, leurs deuils, les profonds malheurs et menus bonheurs dont sont faites leurs vies. En fait, deux ­générations se côtoient dans ces pages. D'abord, celle dite « des cuisines » — « C'est à son époque [les années 1960-1970, NDLR] que les gens ont quitté les appartements communautaires et ont commencé à avoir des cuisines ­privées dans lesquelles on pouvait critiquer le pouvoir, et surtout ne plus avoir peur, parce qu'on était entre soi... »

Aujourd'hui sexagénaires, ils (et elles) furent élevés dans le culte de Lénine, Staline et de l'héroïque Armée rouge, ils connurent l'enrôlement obligatoire dans les Jeunesses communistes, la crainte permanente du NKVD (police politique de l'URSS), l'ombre encore menaçante du goulag. Et en août 1991, ils étaient dans la rue pour s'opposer au putsch contre Gorbatchev et défendre une certaine idée — théorique, sublimée — de la liberté. Les voici aujourd'hui las, sidérés, anéantis, entre découragement et colère. L'un dit : « Nous avons connu les camps, nous avons couvert la terre de nos cadavres pendant la guerre, nous avons ramassé du combustible atomique à mains nues à Tchernobyl. Et maintenant nous nous ­retrouvons sur les décombres du socialisme. Comme après la guerre... »
La seconde génération, ce sont leurs enfants, âgés aujourd'hui de 20, 30 ans, grandis à l'époque post-totalitaire, mais plongés dans un chaos économique, et surtout spirituel et moral sans fond ni fin, comme sans issue. Plus souffrants encore, peut-être, que ceux qui les ont précédés, car comme privés de la faculté d'espérer ou de rêver — si ce n'est de l'exil. Face à eux, comme face à leurs aînés, Svetlana Alexievitch se tient avec attention, empathie. Cherchant, explique-t-elle, à « discerner en chacun d'eux l'être humain de toute éternité », l'élan vital et le tragique. Si leurs histoires se ressemblent et se recoupent, l'écrivain se garde de tenter d'en dresser une synthèse — c'est dans leur diversité, autant que dans leurs similitudes, que réside toute la richesse de ce grand livre d'histoire humaniste, tout ensemble infiniment douloureux et formidablement vivant. Qui souvent fait revenir à l'esprit cette réflexion notée par Nadejda Mandelstam, la femme du poète, dans ses Mémoires : « Ce n'est pas l'héroïsme mais l'endurance qui était notre unique qualité. »
Nathalie Crom
La Fin de l'homme rouge | Vremia second hand (konets krasnovo tcheloveka), traduit du russe par Sophie Benech | Ed. Actes Sud | 542 p., 24,80 €. (En librairie le 4 septembre.)
BIO EXPRESS  de Svetlana Alexievitch
1948 Naissance à Ivano-Frankovsk (Ukraine).
1967 Entrée à la faculté de journalisme de Minsk (Biélorussie).
1985 Parution de La guerre n'a pas un visage de femme et de Derniers Témoins.
1989 Parution des Cercueils de zinc.
1997 Parution de La Supplication.
Nathalie Crom - Telerama n° 3320
La biélorusse Svetlana Alexievitch a reçu, mardi 26 novembre, le prix du meilleur livre de l'année 2013, décerné par la rédaction de Lire pour La Fin de l'homme rouge.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-meilleur-livre-de-l-annee-pour-la-fin-de-l-homme-rouge-de-svetlanas-alexievitch_1303002.html#dIwCS2qcbg4YHbDo.99

jeudi 19 juin 2014

Notre Dame des Landes : nous allons gagner...

Toutes les infos sur les convergences de cet été

samedi 14 juin 2014, par zadist
Ça y est ! La dynamique des « Convergences » est lancée. Depuis de nombreux lieux de luttes actuelles partent des caravanes pédestres, cyclistes ou motorisées pour converger physiquement sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Ces actions ont pour objectifs de sensibiliser aux désastres annoncés par les Grands Projets Inutiles Imposés, les dénoncer, mais surtout soutenir et amplifier les résistances.
Ces convergences créent du commun entre celles et ceux qui luttent, par conviction comme par nécessité, contre l’accaparement des terres, le pillage des ressources, l’arrogante mégalomanie des infrastructures techno-industrielles...
Ces projets qui tuent la paysannerie, détruisent la biodiversité et exploitent la vie au nom de la croissance économique.
Elles dénoncent ainsi UN modèle économique et social dominant, mortifère et obsolète.
Ces convergences seront accueillies sur les terres de la ferme de Bellevue du 4 au 6 juillet 2014.
Tous ensemble montrons notre détermination en faisant résonner les bâtons de Fay, Héric, Vigneux au centre de la ZAD !
Rejoignez auparavant les rassemblements régionaux de convergences NDL et les différentes caravanes et mobilisez vos réseaux en faisant circuler les informations.
Toute ces informations sont disponibles sur
- notre blog
- Facebook : Convergences NDL
Vous pouvez également écrire à convergencesnddl2014@gmail.com pour avoir les coordonnées des organisateurs de ces actions

Pour les caravanes :

1) La Caravélo par la VélOdyssée départ de Bayonne le 26 juin
26/06 juin Bayonne vers Léon 55 km , 27/06 juin Léon vers Gastes 67 km, 28/06 Gastes vers Arcachon 56 km, 29/06 Arcachon vers Lacanau 53 km, 30/06 Lacanau vers Royan 82 km, 1/07 Royan vers Tonnay 44 km, 2/07 Journée festive et militante à Tonnay, 3/07 Tonnay vers Vieillevigne 150 km, (transport motorisé des vélo et cyclistes sur 50 km env, 4/07 Vieillevigne → Le Pellerin 41 km Kontaktua : Christophe 06 31 89 60 64
2) La Caravélo départ de Toulouse
le 28 juin dans la matinée arrivée Cahors (115km) le 29 juin Cahors vers Périgueux (120 km), le 30 juin Périgueux vers Saint Amant de Bonnieure (au dessus d’Angoulême) 100 km, puis Tonnay-Charente le 1 er juillet, puis Vieillevigne le 03 juillet, et enfin Le pellerin avant NDL le 04 juillet
3) A pied de Flamanville départ le 20 juin place des irradiés
Départ le 20 juin de Flamanville pour Bricquebec (débat riverain)20 km, 21/06 Bricquebec vers Mont Doville 20 km (débat asso lutte gagnée centrale à goudron), 22/06 Mont Doville vers Périers 22 km (asso anti tht), 23/06 Périers vers Carantilly 20km (soirée violences policières), 24/06 Carantilly vers Montabot 20km (échanges sur Bures), 25/06 Montabot vers Boisivon st pois, 26/06 st Pois vers Chevreville 18 km (riverains THT), 27/06 Chevreville vers Heussé le Teilleul 21 km (débat OGM), 28/06 Heussé vers Ernée 30km (THT), 29/06 Ernée vers Vitré 30 km (jonction de convergences,), 30/06 Theil de Bretagne, 01/07 Saint Aubin les Châ- teau, 02/07 Abbareth, 03/07 Héric
4) Départ le 22 juin de Bure
arrivée le soir Montier en Der le 23 : _ Montier en Der Troyes, le 24 : Troyes _ Sens, le 25 : Sens _ Montargis, le 26 : Montargis _ Orléans, le 27 : Orléans _ Blois, le 28 : Repos, le 29 : Blois _ Tours, le 30 : Tours _ Saumur, le 1er juillet : Saumur _ Angers, le 2 : Angers Chalonnes sur Loire, le 03 : Chalonnes sur Loire _ NDL
5) A vélo de la Bretagne départ le 29 juin à Châteaulin Bretagne : canal de Nantes à Brest
départ : le 29 juin 11h de Chateaulin arrivée à Saint Thois, 30/06 St Thois vers Port Carhaix (pique-nique) puis Crehaer, 01/07 Crehaer vers Saint Aignan (pique- nique) puis Pontivy (soirée animée), 02/07 Pontivy vers Rohan (pique-nique) puis Josselin (soirée ?), 03/07 Josselin vers Malestroit ( distribution info), puis Peillac (pique-nique) puis Redon, (soirée festive), 04/07 Redon vers Fay de Bretagne (accueil des caravanes par Convergences et pique-nique du midi)
6) A pied de Dinan (avec assistance d’une ânesse) le 23 juin
Marc part le 23 juin de la Vicomté/rance vers NDL avec Adèle son ânesse. Son parcours : la vicomté/rance vers Evran par le canal d’Ille et rance, puis le GR 37 vers Plouasne jusqu’à Plelan le Grand en passant par Montauban de Bretagne et Iffendic (forêt de Brocéliandre), Petits chemins de Plélan vers la Gacilly puis il rattrape le canal de Nantes à Brest jusqu’à Blain. En empruntant les petits chemins ensuite, il sera au rendez vous à Fay de Bretagne le 04 avec les autres convergences. Vous souhaitez l’accompagner sur un bout de chemin ? ou lui offrir le gîte et couvert ? Contactez le au 02 96 27 12 54
7) Départ de Lille le 28 juin à 9 h à la porte de Paris
Arrivée à Divion (lutte contre l’exploitation des gaz de couche), place des frères viseurs. Etape : 50 km. (via La Bassée), Buvette, restauration, jeux, information sur les luttes, Des hébergements sont possibles (tentes...), Départ le dimanche 29 juin à 9 h, à la Croix de Grés à Divion, Arrivée à Drucat (via Anvin, Hesdin) 71 km, Marche vers la ferme des mille vaches, accueil des cyclistes à la salle polyvalente l’après midi. Restauration, hébergement, informations sur les luttes, divertisse- ments, Départ le lundi 30 juin à 9h de la salle polyvalente de Drucat, Arrivée à la ferme des bouillons à Mont St Aignan, avec une pause à Londinière : deux étapes de 50 km en alternance pour les cyclistes, Petite soirée avec les militants de cette lutte ; hébergement, Départ le mardi 1erjuin au matin, Transport des vélos et des cyclistes en voitures et camion jusqu’à Alençon puis Châteaubriant, Trajet en vélo : Châteaubriant jusqu’à Abbaretz où la caravane de Lille rejoint les marcheurs de Flamanville, Le jeudi 3 juillet, départ vers Héric-Le Lintin
8) Caravane motorisée au départ de Bayonne le 30 juin
Pour rejoindre cette caravane, contactez : pb.nddl@gmail.com et convergencesnddl2014@gmail.com, Présence des organisateurs le 29 juin de 10h à 17h à Mendionde : Stand au festival EHZ , - Lundi 30 juin au matin : départ de Mendionde (passage par Bayonne 30min après) en direction de la Gironde arrivée le soir.à Bordeaux, - Mardi 1 er juillet départ direction Tonnay- Charente pour hébergement le soir site de Au Cirque du Gamin, 7 rue du Marais, Champservé le haut, I743O TONNAY-CHARENTE repas le soir et hébergement- Mercredi 02 juillet : participations aux animations prévues à Rochefort (site incinérateur entre autre), soirée festive. -Jeudi 03 juillet départ vers Vieillevigne (hébergement) en passant par La Rochelle, - Vendredi 04 juillet départ de Vieillevigne direction Le Pellerin
9) Caravane méridionale en vélo le15 juin au matin :
départ de Montbrun-les-Bains dans la Drôme lundi 16 juin au soir : arrivée à Avignon. Intervention au festival conspiration positive, sur le campus universitaire, de 17 à 18h et de 20 à 22h. mardi 17 juin au soir : arrivée à Nîmes. Projection & échanges à 20h au "Spot", 8 rue Enclos Rey, contact local : collectifnddl.nimes@free.fr, mercredi 18 juin au soir : arri- vée à Montpellier (en cours de préparation, contact local : ndll34-group@alternative34.listes.vox.coop ), PAUSE aux alentours d’Aniane vers le 20 juin, di- manche 22 juin au soir : arrivée à Bédarieux. Projection & échanges, mardi 24 juin au soir : arrivée à Mazamet. Projection & échanges au "pot étique", 34 rue St Jacques. passage à Villefranche-de-Lauragais le jeudi 26 juin au soir, arrivée à Toulouse le vendredi 27 juin au soir, départ avec la caravane de Tou- louse le samedi 28 juin vers NDdL
10) Départ Bure le 30 juin vers Sardy les Epiry caravane motorisée
1/07 Sardy les Epiry (départ avec les membres de Adret Morvan), 2/07 Bourges, 3/03 Villevigne après passage à Chinon
11) Départ Cadarache le 28 juin direction Avignon puis Lyon, caravane motorisée
12) Départ le 30 de Dijon direction Sardy les Epiry caravane motorisée
1/07 Sardy les Epiry (départ avec les membres de Adret Morvan), 2/07 Bourges, 3/03 Villevigne après passage à Chinon
13) Relais depuis le plateau des Glières 31 mai
7 juin Annecy, 9 juin Chambéry, 29 juin Mornant près de Lyon, 30 juin Clermont Ferrand, 1 juillet et 2 juillet Bourges
14) à confirmer départ de Dole et de Dijon le 30 juin
1/07 Sardy les Epiry (départ avec les membres de Adret Morvan), 2/07 Bourges, 3/03 Villevigne après passage à Chinon
15) le 28 juin à vélo puis motorisée départ de Perrefite sur le tracé «  Traversée Centrale des Pyrénées ». ( Tunnel sous le Vignemale)
Perrefitte , 29/06 Lourdes, 30/06 Bernos Beaulac, 01/07 Tonnay en charente
16) Depuis Bourges caravane motorisée le 3 juillet vers Loches Chinon Thouars Saint Pierre des Echanbronesprès de Cholet, Villevigne
17) Depuis le Larzac le 27 juin vers Aurillac 28/06 Aurillac, 29/06 Plateau des 1000 vaches, 30/06 Limoges puis Saint Armant de Bonnieure, 1 et 2 juillet Champservé le haut près de Rochefort
18) Depuis Rochefort le 3 juillet en direction de Villevigne Via le pont du Brault (marais poitevin) et Thorigny en Vendée près de la Roche sur Yon
19) Depuis Villevigne le 4 juillet vers Notre Dame des Landes Par le bac du Pellerin puis Couëron Vigneux pour pique-nique à 12h30 à la Joue, 15h30 départ vers les Ardillières puis 17h00 vers les terres de Bellevue
20) Depuis Redon le 4 juillet vers Notre Dame des Landes Arrivée à Fay pour pique-nique à 12h30 parking des étangs rue de la Madeleine, 15h30 départ vers les Ardillières puis 17h00 vers les terres de Bellevue
21) Depuis le Lintin à Héric le 4 juillet après pique-nique 12h30 15h30 départ vers les Ardillières puis 17h00 vers les terres de Bellevue

mardi 17 juin 2014

Addio Berlinguer...

Addio Berlinguer
Nous sommes à Padoue, le 7 juin 1984, au terme de la campagne pour l’élection européenne. L’orateur parle à la tribune derrière un pupitre orné de l’insigne du Parti communiste italien (PCI). Il transpire, enlève de temps à autre ses lunettes, les replace sur son visage dans un geste mécanique. Il sort un mouchoir de sa poche, s’éponge le front, puis le porte à la bouche.
Les dernières paroles
La salle est dans l’obscurité. On devine qu’il y règne une chaleur suffocante. Soudain, le débit de la parole ralentit, la voix devient sourde, l’orateur trébuche sur les mots, penche la tête. La foule s’affole. Un homme crie des mots d’encouragement. Les officiels qui entourent l’intervenant sur scène s’approchent de lui dans un geste de défense instinctif.
L’homme, la soixante, porte de larges lunettes. Il reprend son discours, l’air sonné. Le public s’agite et intervient : « Basta, Enrico ! » ; « C’est tout, arrête ! ». Puis tous en cœur, ils scandent : « En-ri-co ! En-ri-co ! En-ri-co ! » Le groupe vient au secours de son leader, lui donne quelques minutes de répit pour qu’il reprenne des forces et ses esprits.
Le leader du PCI esquisse un rictus, boit une gorgée d’eau et achève son discours : « Travaillez tous, de maison en maison, d’usine en usine, de rue en rue en dialoguant avec les citoyens, avec la confiance que vous procure les batailles que nous avons menées, pour les propositions que nous présentons, pour ce que nous avons été et ce que nous sommes, il est possible de conquérir de nouveaux et plus vastes soutiens pour nos listes, pour notre cause, qui est la cause de la paix, de la liberté, du travail, du progrès de notre civilisation ».
Ce sont les dernières paroles publiques prononcées par Enrico Berlinguer, leader du PCI entre 1972 et 1984. Reconduit à son hôtel, il confie se sentir las. Il sombre peu après dans le coma dont il ne sortira plus et décède le 11 juin. Berlinguer a été terrassé par une hémorragie cérébrale qui l’a frappé pendant qu’il prononçait son discours.
Un compromis historique gramscien
Il y a trente ans disparaissait le plus estimé des leaders communistes italiens. Palmiro Togliatti, fondateur du PCI et leader du parti dans l’après-guerre, était surnommé par ses camarades « il migliore » ; Berlinguer était « il più amato ». Il nait le 25 mai 1922 à Sassari en Sardaigne, dans une famille bourgeoise et antifasciste. Il rejoint le PCI en 1943, s’occupe de la Jeunesse communiste sarde, puis son père le présente à Togliatti. Il gravit les échelons du parti : membre du comité central en 1946, député en 1968, il succède à Luigi Longo à la tête du parti en 1972.
Enrico Berlinguer, tout comme Togliatti, était gramscien : il insiste sur la nature originale du communisme occidental, différente du modèle oriental léniniste, puis stalinien. Berlinguer est l’initiateur du mouvement « eurocommuniste » avec les PC français et espagnol à partir de 1975, qui propose un pôle européen sur la base d’un communisme démocratique. Il estime qu’à l’ouest l’État n’est pas tout ; il existe également une société civile dynamique avec laquelle l’État doit composer. Comme Antonio Gramsci, Berlinguer opère une distinction entre la lutte pour le pouvoir politique (la « guerre de mouvement »), longue et parsemée de compromis, et les victoires idéologiques et culturelles au sein de la société capitaliste qui vont permettre la prise du pouvoir (la « guerre de position »). Berlinguer pense que le PCI ne peut prendre le pouvoir avant d’avoir au préalable affirmé son hégémonie idéologique et culturelle dans la société.
En septembre 1978, Berlinguer publie dans Rinascita, l’hebdomadaire théorique du PCI, le premier des trois articles qui vont constituer l’ossature du « compromis historique » qu’il propose aux partis politiques italiens. [1] Marqué par l’échec de la présidence Allende au Chili, Berlinguer estime que le PCI ne pourrait pas gouverner l’Italie avec le soutien de 51% des électeurs. Il ébauche une « alternative démocratique », qui forge une entente entre les forces populaires de tradition communiste, socialiste et catholique. Cette analyse, qui fait débat au sein du PCI, est abandonnée quand Aldo Moro, son interlocuteur et allié démocrate chrétien, est enlevé et assassiné par les Brigades rouges en 1978.
Accusé par certains de vouloir transformer le PCI en parti social-démocrate, Enrico Berlinguer rétorque que son objectif est le dépassement du capitalisme. Il prône une troisième voie entre le socialisme « réel » et la social-démocratie, et réaffirme sa stratégie de « réformes de structures » (anticapitalistes) pour introduire des « éléments de socialisme ».
Ce communisme transalpin, pragmatique et réformiste dans l’action, plaît. Aux élections régionales de 1975, le PCI enregistre 33,40% des voix et aux élections législatives de 1976, il obtient 34,4%, battu de peu par la DCI. Aux élections européennes de 1984 qui ont lieu quelques jours après sa mort, le PCI effectue pour la première et unique fois de son histoire le sorpasso (dépassement) avec 33,33% des voix contre 32,96 à la DCI. Le PCI dirige des régions (Émilie Romagne, Toscane, Ombrie) et au début des années 80, il compte 1,6 millions d’adhérents. Le PCI de Berlinguer est le plus grand parti communiste du monde occidental.
L’adieu à Enrico Berlinguer
La mort de Berlinguer et les adieux au leader communiste constituent l’événement politique-clé dans la gauche italienne de l’après-guerre. On doit au cinéaste Bernardo Bertolucci, proche du PCI, d’avoir filmé l’hommage public et les funérailles de Berlinguer à Rome les 12 et 13 juin 1984. Le documentaire s’intitule L’addio a Enrico Berlinguer. La caméra filme le peuple communiste d’en bas, les petites gens accourus de toutes les régions du pays pour rendre hommage à leur leader. [voir à la fin du billet, l’intégralité de ce documentaire qui débute avec des extraits du dernier discours d’Enrico Berlinguer]
Le réalisateur pose des questions simples et pudiques. Il fait parler les communistes en deuil : enfants, jeunes, vieux, hommes, femmes. Ce sont des visages perdus, sous le choc, écrasés par la tristesse qui se confient. La foule s’amasse devant le siège du parti, via delle Botteghe Oscure. Un Sarde qui a connu le jeune Berlinguer dans la résistance antifasciste confie : « J’ai pleuré deux fois dans ma vie : quand j’ai perdu mon fils et quand j’ai perdu Enrico ». Des hommes tentent de prononcer quelques paroles. L’émotion les étouffe, ils pleurent et se cachent le visage dans un grand mouchoir blanc. Des dizaines de communistes anonymes racontent leur leader, qu’ils ont souvent connu et côtoyé : « Il représentait les ouvriers » ; « un grand homme » ; « j’ai perdu un père » ; « un ami » ; « un homme bon » ; « il partageait les repas avec nous et venait en réunion de section ». Un garagiste membre du parti se souvient : « Il est venu chercher sa voiture au garage. Je lui ai dit, pour toi, c’est gratis, tu es là pour les travailleurs, alors je suis là pour toi ». Une romaine qui vend des légumes sur les marchés : « Il parlait calmement et nous expliquait bien les choses ; ce n’était pas un m’as-tu-vu ». Une femme : « C’est le seul homme politique italien qui se soit intéressé à la cause des femmes ». Un garçon de 7-8 ans lève le poing et dit : « Je serai toujours un communiste ». Un prêtre : « C’était un homme intelligent, de cœur, un altruiste ».
Puis, la foule immense pénètre dans l’immeuble du parti pour saluer le défunt. Le cercueil est gardé par deux rangées de dignitaires du parti. Cette foule, dense, défile toute la journée de manière ininterrompue. Les visages expriment la stupeur. Les personnes font leur adieu à Berlinguer le poing levé, quelques personnes se signent. Yasser Arafat arrive, suivi de Mikhaïl Gorbatchev. Une personne apporte une gerbe de fleurs au nom de Solidarność.
Des dizaines de trains spéciaux sont affrétés de toutes les régions du pays. Rome est communiste ce 13 juin 1984. Les drapeaux rouges tranchent dans le ciel azur. Il fait une chaleur accablante. Le corbillard quitte le siège du parti pour rejoindre Piazza San Giovanni. Trois cortèges différents convergent vers la place. Deux millions de personnes sont dans la rue. Des fanfares jouent des airs funéraires et Bandiera Rossa sur un tempo lent. La foule applaudit à tout rompre, crie « Enrico ! Enrico ! Nous sommes là ! »
La marée humaine Piazza San Giovanni donne le vertige. Nilde Iotti, présidente de la chambre des députés (1979-92) et veuve de Togliatti, fait l’oraison funèbre devant le cercueil. La clameur de la foule ne s’estompe pas, les poings restent levés. Sandro Pertini, le président de la république, est ovationné. C’est un ex-résistant et socialiste héroïque. Il s’approche du cercueil, se recueille, souffle un baiser à Berlinguer, puis à la foule communiste. Enrico Berlinguer est mort, le communisme italien est en sursis.
Les événements vont s’accélérer : sept ans après la mort de Berlinguer, le PCI cesse d’exister, auto-sabordé par Achille Occhetto, son piètre dirigeant. Malgré la chute du Mur de Berlin, l’attachement de millions de femmes et d’hommes à l’identité et au combat communistes était inaltéré. Dans les sections, le projet de changement de nom et de dilution des idéaux communistes était largement mis en minorité. [2] Des dirigeants carriéristes (Occhetto, Napolitano, D’Alema, Veltroni) imposent une social-démocratie tiède, puis blairiste, devenue aujourd’hui, avec le Parti démocrate de Matteo Renzi, une version transalpine du MoDem. Et pourtant, ce peuple communiste existait fièrement ; c’était une communauté organique avec une culture et une identité propres à travers les coopératives, les case del popolo ou encore la festa dell’unità.
Les nouveaux dirigeants du PCI ont abandonné le peuple communiste que Berlinguer comprenait et représentait. [3] Qu’est devenu ce jeune garçon au poing levé qui disait ce 13 juin 1984 : « Je serai toujours un communiste » ? 
Philippe Marlière
vendredi 13 juin 2014 - 12h53
Notes
[1] Enrico Berlinguer, « Alleanze sociali e schieramenti politici », Rinascita, 12 octobre 1973.
[2] L’historien Fabrice Montebello me signale le documentaire de Nanni Moretti tourné en 1990 : La Cosa (« La chose », nom donné au processus qui devait accoucher d’un nouveau parti, dont on ne connaissait à l’origine ni le nom, ni les caractéristiques). Moretti filme les débats au sein des sections communistes dans les années 1989-91, qui portent sur le changement de nom du parti et la réorientation sociale-démocrate du PCI. On assiste à des discussions politiques sophistiquées. La culture et la réflexion politique de ces militants communistes est impressionnante. L’hostilité générale au projet Occhetto est évidente. http://www.youtube.com/watch?v=eTpQ...
[3] Voir à ce propos le superbe documentaire Il fare politica du journaliste belge Hugues Le Paige qui a interviewé entre 1982 et 2004 plusieurs générations de militants communistes dans la « Toscane rouge ». http://www.youtube.com/watch?v=qru7...

jeudi 12 juin 2014

Nous en étions...fraternellement


L’organisation des libertaires à Lyon au milieu des années 1980

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En mai-juin 1985, la revue IRL (Informations et réflexions libertaires) consacrait un numéro aux "libertaires entre Saône et Rhône", détaillant les groupes, les lieux, les dynamiques des mouvements anarchistes lyonnais. Un texte, intitulé "Organisation libertaire à la lyonnaise" tentait de faire la synthèse ce cette réalité locale. Près de trente ans plus tard il en reste une description d’un milieu, d’un mouvement, à un instant précis, une photographie. De quoi repenser aussi notre présent collectif.
Le pdf complet de ce numéro d’IRL est téléchargeable à la fin de l’article.

Organisation libertaire à la lyonnaise

Les formes d’organisation du mouvement libertaire lyonnais, son mode d’apparition et d’intervention politique peuvent surprendre beaucoup de militants d’autres villes, habitués aux groupes classiques, fédérés ou non, intégrés ou non dans une organisation nationale. Ces groupes ont existé sur Lyon, avec l’ORA [1] au début des années 70, des groupes FA [2] par la suite, sous d’autres formes aussi dont il faudrait retrouver la trace ou la mémoire. Mais, depuis plus de dix ans, le mode d’organisation dominant passe par l’existence d’un Collectif ou d’une « Coordination » [3] qui, à travers bien des vicissitudes, est toujours parvenue à « représenter » et à « rassembler » la part la plus importante des militants, des moyens et des pratiques libertaires de Lyon.
Comme on s’en doute, ce fonctionnement n’est pas né d’une réflexion préalable, d’une conception théorique ou de l’accord de quelques militants qui seraient parvenus à l’imposer dans les faits. Il est le produit d’une histoire, de plus de dix ans de pratiques, faites de beaucoup de tâtonnement, de beaucoup de conflits, sur lesquels on peut réfléchir, que l’on peut même - pourquoi pas ? - tenter de théoriser, mais après coup seulement.
Essayer de faire apparaître les racines locales de ces pratiques et de cette histoire n’est pas très facile. On peut cependant faire deux remarques :
Il existe depuis longtemps à Lyon une tradition libertaire, une « mémoire » libertaire, très minoritaire mais tenace, accrochée à des souvenirs et des références il est vrai superficielles et fragiles (les Canuts, la Commune de Lyon, Sacco et Vanzetti, etc.). Mais cette tradition, en faisant partie de l’ensemble de la mémoire collective, en étant rappelée régulièrement sous une forme anecdotique ou folklorique et, surtout, en ayant toujours bénéficié de la persistance de noyaux explicitement anarchistes, tend à susciter sans cesse, de façon spontanée, non organisée, des adhésions très diverses en degré et en forme, à l’anarchisme, aux idéaux libertaires. Il existe à Lyon (comme dans d’autres villes sûrement, Toulouse par exemple) un milieu relativement ouvert à la référence libertaire, qui autorise à s’en réclamer, à faire des choses en son nom sans exiger de structures fortes, de groupes fermés, cherchant dans leur propre espace et, surtout, dans l’appartenance à un espace national organisé, les moyens de survivre idéologiquement dans un milieu hostile.
À cette donnée traditionnelle est venue s’ajouter un phénomène plus récent, lié à mai 1968. Les événements de cette période ont contribué très fortement, d’une part à réactiver et à réactualiser les idées libertaires qui n’ont plus seulement bénéficié d’un passé lointain, mais qui ont retrouvé un présent et un avenir, une sorte de modernité ; d’autre part, à produire une nouvelle génération de militants, issus ou héritiers des franges « révolutionnaires » du mouvement de mai, devenus anarchistes après s’être confrontés au marxisme et aux organisations qui s’en réclament, très méfiants vis-à-vis des organisations purement idéologiques, marqués durablement par les possibilités d’action directe de masse, par la réalité pratique des idées anarchistes d’auto-organisation et de spontanéité libertaire, et qui répugnaient fortement à identifier l’anarchisme à des structures, visant alors, le plus souvent et uniquement, à en perpétuer le simple souvenir.
Pour ces militants comme pour tous ceux qui, plus traditionnellement, découvrent, sous des formes diverses, la référence anarchiste, l’unité, la nécessité de rassembler ou de coordonner l’ensemble des forces et des pratiques libertaires de Lyon sont apparues comme une évidence. Évidence d’une tradition suffisamment souple (ou floue, comme on voudra) pour ne rien comprendre aux déchirements des différentes organisations ; évidence d’une conception du changement social qui récusait tout avant-gardisme, toute prétention d’un groupe ou d’une organisation à détenir la vérité, pour qui seule l’union et la confrontation de l’ensemble des aspirations et des courants libertaires pouvaient produire le mouvement organisé capable de transformer la société.
Le local de la rue Pierre-Blanc, en rassemblant, au départ, un groupe d’instituteurs de Vénissieux devenus libertaires par affinité, le journal IRL, très marqué par mai 68, quelques anciens de l’ORA et un courant important, diffus, proche pour certains et à certains moments de la FA, a incarné cette évidence, lui a donné à la fois un lieu et un symbole durable.
La persistance et le développement, en nombre et en complexité, de cette « union » anarchiste de fait ne sont pas seulement liés aux racines du mouvement libertaire lyonnais, aux particularités de Lyon. Ils bénéficient aussi de la logique propre à l’espace militant ainsi créé.
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Les deuxièmes journées libertaires, organisées par la Coordination libertaire, ont lieu en 1985.
De la tradition au quotidien
Tradition romantique d’un anarchisme populaire proche de l’illégalisme ; anarchisme pratique s’efforçant de mettre en place, immédiatement, des alternatives, culturelles, économiques, quotidiennes, à l’ordre actuel ; anarcho-syndicalisme né de la pratique syndicale et revendicative ; anarchisme « intellectuel » plus militant (au sens classique, politique du terme) ; apparition, à partir de la fin des années 70, d’un courant féministe libertaire, inconnu jusqu’alors dans l’anarchisme traditionnel, antimilitarisme, pacifisme, anarchisme punk, etc. : autant de manières d’être anarchistes qui sont amenées à se côtoyer, autant de courants extrêmement différents dans leurs motivations, leurs conditions sociales d’existence qui cherchent forcément à identifier leurs aspirations libertaires propres à ce qui apparait comme le symbole unitaire, le représentant légitime, reconnu, de l’anarchisme sur Lyon. Le mélange est forcément un peu « détonant » (au double sens du mot). D’où les crises nombreuses, les découragements, les affrontements et les conflits tous azimuts qui ont longtemps été le lot des réunions et des activités de la rue Pierre-Blanc. D’où, pendant longtemps, une certaine incohérence, ou tout du moins une grande confusion dans les prises de position publiques et dans le mode d’intervention du Collectif puis de la Coordination libertaire de Lyon ; celle-ci n’ayant jamais pu être prise en main par un courant ou un groupe qui aurait pu lui imposer sa cohérence propre, il lui a bien fallu apprendre, par la pratique, à exprimer et à représenter politiquement toute la richesse d’un espace militant beaucoup plus complexe.
L’existence d’un lieu, en grande partie symbolique, dépositaire de la légitimité anarchiste sur Lyon, mais sans jamais pouvoir s’identifier à un groupe particulier, à une pratique ou un courant spécifique, a eu pour effet d’interdire radicalement un phénomène bien connu : le développement « idéomaniaque » de structures ou d’organisations persuadées d’incarner chacune la vérité anarchiste et principalement occupées à défendre avec acharnement une légitimité trop exorbitante pour ne pas être menacées en permanence par les autres comme par tout ce qui est « extérieur » à elles.
Une vraie diversité pratique
En effet, l’important dans l’histoire particulière du mouvement libertaire lyonnais, c’est que cette diversité dans les courants et pratiques pouvant prétendre au local de la rue Pierre-Blanc n’est pas d’abord une diversité « idéologique », mais une vraie diversité, pratique, sociale. Il ne s’agit pas de groupes adhérant à des organisations de type parti, opposées idéologiquement mais suffisamment sœurs jumelles dans le fondement de leur existence pour être d’accord finalement sur l’uniformité des règles du jeu. Dans ce cas, le local et le Collectif de la rue Pierre Blanc auraient été très vite vidés de leur contenu, le Collectif réduit à un « cartel » provisoire, avec une plate-forme minimale, et le local un simple espace vide qu’un concierge aurait suffi à gérer.
Syndicalistes confrontés collectivement à la dureté et à la richesse de la lutte salariale ; collectif de quartier s’efforçant depuis presque dix ans de faire vivre une structure offrant des services concrets ; librairie ayant à organiser depuis sept ans sa gestion, ses permanences, ses choix de bouquins et de débat ; revue ayant depuis plus de dix ans su, à travers bien des conflits, développer des structures et un fonctionnement original : autant de composantes ayant chacune leur propre logique, leur propre histoire qui définissent une grande diversité. Il faudrait encore parler, sans en oublier aucun, de tous les autres groupes tout aussi essentiels, présentant chacun une originalité non pas d’abord idéologique, mais sociale, matérielle, faite d’affinités et de problèmes communs irréductibles à ceux des autres, que ce soit à travers la situation de sexe pour le groupe femmes, la situation d’âge et d’inscription social e pour le groupe lycéens-étudiants ou, tout aussi radicalement spécifique, le rapport aux formes et aux types d’action, ou tout simplement au « look » qui n’a rien, comme tout le monde devrait le savoir, de superficiel ou de secondaire. Certes, les groupes « idéologiques n’ont jamais été absents du mouvement libertaire lyonnais ; ils lui ont apporté leur tonalité propre qui, sous l’appartenance organisationnelle et idéologique, recouvrait souvent, elle aussi, des différences sociales, pratiques même sous une forme masquée. Mais, mode de regroupement particulier, non par leur idéologie ou leur appartenance à une organisation nationale, mais par le fait même de se définir d’abord idéologiquement et par cette appartenance, ils ont toujours été confrontés à une telle variété de pratiques, sociales, fonctionnelles, tellement déconcertantes de diversité, qu’ils n’ont jamais pu laisser libre cours à leur penchant naturel pour le dogmatisme et le développement totalitaire.
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Le Collectif libertaire manifeste le 7 octobre 1980 suite à l’attentat de la rue Copernic
La spécificité lyonnaise
Dire que la diversité interne du mouvement libertaire lyonnais est spécifique ne signifie évidemment pas, et heureusement, qu’on ne la retrouve pas ailleurs. A Paris, par exemple, avec les échanges et les regroupements horizontaux entre syndicalistes, entre lycéens, entre étudiants, etc. On retrouve la richesse et les possibilités d’un espace libertaire complexe, n’obéissant pas seulement aux appartenances idéologiques, aux fétichismes de chapelle et de drapeaux. La spécificité de Lyon réside seulement dans le caractère hégémonique de ce mode de structuration, dans l’autonomie totale des structures et des groupes par rapport aux organisations idéologiques. Librairie, revue, structure de quartier, groupe syndicaliste, groupe femmes, etc. ne sont pas l’émanation ou le cache-sexe de « masse », d’un ou plusieurs partis prétendant les diriger. Ils sont radicalement autonomes, existant par et pour eux- mêmes, sans être en quoi que ce soit le prolongement, l’ombre portée, le « front de lutte » ou le « service » d’une structure politique qui aurait son siège rue Pierre-Blanc.
Réellement divers (on ne le dira jamais assez), non par le nombre de ses composantes, mais par leurs différences de nature, par leur caractère éclectique, non ordonnable, non classable, le mouvement libertaire lyonnais a peu à peu appris à chacun de ses militants à renoncer à projeter sur lui, sur sa surface d’enregistrement, l’unité de ses conceptions du moment. Au prix de nombreux conflits, non seulement il a appris à chacun de nous à accepter que d’autres agissent et pensent autrement que soi, à ne pas vivre comme limite, manque ou frustration les pratiques échappant à son propre imaginaire, à sa propre insertion sociale, mais il nous a aussi appris à tirer satisfaction et richesse de l’extrême diversité dans laquelle nous nous insérons, à faire confiance dans l’ajustement contradictoire d’un espace qui, pour échapper au caractère forcément totalitaire du rêve propre à chacun de nous, fait écho, dans la réalité, au désir libertaire que ce rêve prétend exprimer.
Mieux, en interdisant l’affrontement meurtrier et idéomaniaque des porteurs de rêve et d’utopie que nous sommes tous, les formes actuelles du mouvement libertaire à Lyon tendent peu à peu à nous libérer de notre propre et pseudo-« unité », de « femme », d’« homme », de « syndicaliste », de « manuel », d ’« intellectuel », etc. Aux contradictions nécessaires d’un espace militant complexe et diversifié peuvent répondre les contradictions et les diversités qui nous constituent individuellement. Cela non pas seulement en laissant à chacun le soin de reconnaître une partie de lui-même dans la prise de position, la manière de voir et de sentir de telle ou telle structure ou groupe, mais aussi en nous autorisant à participer à la vie de plusieurs structures ou groupes de telle façon que chacun puisse être enfin plusieurs, suivant le lieu et le moment.
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La librairie La Gryffe, un an après son ouverture en 1979.
L’autosatisfaction ne suffit pas
La satisfaction, voire l’autosatisfaction que l’on peut retirer du fonctionnement libertaire à Lyon (d’autres seront sûrement d’un autre avis) ne constitue pas, bien évidemment, un critère suffisant pour penser qu’il s’agit là d’une voie possible pour le développement et l’avenir du mouvement libertaire. Pour cela, une seconde remarque est encore possible, sinon suffisante.
L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. En adoptant cette devise de la Première Internationale, les anarchistes affirment de façon radicale la révolte et l’auto-organisation des opprimés comme seule voie d’une véritable émancipation sociale. Comment préparer cette révolte et cette auto-organisation, prélude à l’autogestion, comment contribuer à leur développement lorsqu’on ne regroupe que quelques centaines de militants ? Un regroupement de type idéologique, fonctionnant qu’on le veuille ou non sur la base d’une avant-garde, consciente, éclairée, dépositaire des idéaux et des objectifs anarchistes peut-il y contribuer ? Les anarchistes doivent-ils d’abord militer dans les mouvements et les organisations de contestation sociale, même si ceux-ci sont au plus bas de leurs possibilités ?
Les deux sont sans doute nécessaires ; mais comment alors éviter de plaquer, malgré les attitudes individuelles qui font de nous des libertaires, des schémas d’avant-gardisme, de manipulation et d’assujettissement sur les mouvements sociaux dont nous proclamons la nécessaire autonomie ? Qu’est-ce qui peut nous différencier des autres organisations prétendant diriger les mouvements sociaux ? Sinon la différence des objectifs dont on sait qu’ils sont toujours pavés de bonnes intentions ; sinon notre incompétence notoire à jouer les plus malins sur le terrain de nos adversaires.
Les formes d’organisation qui se sont développées à Lyon fournissent-elles une réponse ? Peut-être en partie.
Par leur enracinement dans un grand nombre d’aspects de la vie sociale où peut exister actuellement une prise de conscience libertaire, les différentes composantes du mouvement anarchiste à Lyon peuvent permettre a celui-ci d’être plus perméable aux possibilités et à la réalité de l’extérieur.
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Devant le local de la rue Pierre-Blanc pour l’assemblée générale du journal IRL en 1978
Perméabilité de notre microcosme
Espace militant ouvertement divers et contradictoire, la Coordination libertaire cesse d’être une citadelle assiégée (ou conquérante) ne comptant que sur la force de ses structures, sur son drapeau, sur le nombre, la discipline et la foi des bataillons qu’elle peut aligner dans les manifestations.
Parce qu’elles tirent leur existence de problèmes propres, d’une inscription sociale particulière, les composantes de la Coordination répercutent forcément ces problèmes dans les discussions et les prises de position du mouvement, s’en font les représentants et, un pied dedans, un pied dehors, peuvent permettre :
- de tisser des liens avec l’extérieur ;
- de contribuer à l’élaboration d’une analyse générale qui tienne compte de la complexité et de la totalité de la réalité ;
- de former des militants habitués à confronter non plus seulement des idées, mais des manières d’être et d’agir ;
- de préfigurer en partie, bien mal mais mieux que ne le permettrait un simple regroupement idéologique, ce que pourrait être un mouvement libertaire de masse, unifiant toute la diversité du réel, des différentes luttes, des différents intérêts et aspirations nécessaires à une transformation radicale de la société.
Microcosme fortement soudé par la référence anarchiste, mais très diversifié dans l’origine, la nature sociale et l’autonomie de ses composantes, une telle Coordination contribue sans doute à donner à ses militants le sens pratique de la diversité cher à Proudhon, si essentielle à la lutte libertaire. Elle constitue aussi une structure d’attente pour des lendemains plus heureux que les aujourd’hui que nous connaissons : des lendemains où, de tous les côtés de la vie sociale et économique, la lutte et l’auto-organisation des opprimés pourront enfin surgir de nouveau.
D.C.
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IRL n°61 Mai-Juin 1985
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La Coordination libertaire lyonnaise (présentation dans IRL, 1985)

Depuis une dizaine d’années, divers rassemblements ont successivement existé à Lyon : l’« Association », le Collectif libertaire, la Coordination libertaire. Ils regroupaient des individus qui ne représentaient qu’eux-mêmes. Les organisations libertaires nationales n’étant, quant à elles, que faiblement représentées, voire inexistantes dans le mouvement libertaire lyonnais.
La nécessité d’assurer la liaison entre des structures (telles que La Gryffe, IRL ou le CUL), des groupes (étudiants -lycéens, femmes, syndicalistes) et des individus, la nécessité aussi de développer une expression, une apparition et une activité politiques communes sur Lyon a amené, en octobre 1984, la création d’une nouvelle Coordination libertaire.
Contrairement aux structures précédentes, cette Coordination est surtout composée de délégués qui représentent la plupart des regroupements existant dans le mouvement lyonnais. Elle réunit, tous les quinze jours, sur un ordre du jour précis, des personnes mandatées par les groupes ainsi que des individus.
Cette « formule » laisse à chaque composante son entière autonomie : elle préserve l’identité des groupes (tout ce qui fait leur vie et leur histoire) et les choix spécifiques des activités qu’ils développent. Elle a pour but de faciliter la diffusion des idées anarchistes sur Lyon et d’impulser davantage d’actions rassemblant la majeure partie des libertaires lyonnais. Elle permet également de faire circuler une information entre les groupes sur des actions ponctuelles (par exemple, sur l’activité des comités créés en soutien à Valastro, Fedele, Jaudon ou Toumi, ou encore au peuple kanak). Enfin, elle organise elle-même des réunions de soutien (comme celle aux mineurs anglais)...
Fantômettes

P.-S.

Les photos illustrant l’article sont, sauf le logo, issues du blog Histoire en images des libertaires lyonnais (ACL)

Notes

[1Organisation révolutionnaire anarchiste (1967-1976).
[2Fédération Anarchiste
[3Le texte présentant cette coordination est reproduit en fin d’article.
  • Le 18 mai à 20:27, par I.R.L.
    Pour les courageux (et les archivsites) un bon nombre des numéros d’IRL sont disponible en pdf ici : Fragments d’Histoire de la gauche radicale (entre autres sources sur l’histoire récente du mouvement libertaire / autonome / etc)

lundi 2 juin 2014

Can Vies expulsé...les luttes continuent...

Barcelone brule ! CAN VIES NO ES TOCA !

 
Can Vies expulsé et démolit, les quartiers sur le pied de Guerre !
Ce Lundi 26 Mai vers 13h30, les Mossos d’Escuadra ont expulsé l’historique Centre Social Occupé de Can Vies après plusieurs années de conflits ouverts avec la Mairie et le proprietaire du lieu, la TMB, entreprise des transport publics de barcelone.
Can Vies était ce genre de lieu qui avec ces 15 années d’existences, de résistance à deux procédures d’expulsions avait réussit à s’imposer, comme un lieu décisif sur le quartier de Sants, tout comme au niveau de la Métropole de Barcelone.
Occupé en 1997, par une première équipe, il était devenu très vite le lieu ou il faisait bon passé pour boire une bière les soirs de « kafeta », ou il y avait moyen de trouver une salle pour organiser une réunion en intime, une soirée de soutien pour un scouat ou pour des inculpés, comme dernièrement dans le procès contre le siège du Parlement de Catalogne en Juin 2011. C’était aussi un de ces espaces qui avait réussit a tisser à travers des années de lutte des liens fort avec les habitants et les jeunes du quartier. Lors des dernières campagnes de résistance contre son expulsion, plusieurs centaines de personnes avaient répondu à l’appel en se joignant à des manifs où il était fréquent que l’on s’y retrouve masqué pour redécorer l’avenue principale du quartier. Can Vies c’était un de ces espaces où il y avait moyen de se retrouver, de conspirer, de porter quelques coups à la Métropole et de pouvoir par la suite s’y réfugier.
La Mairie et les flics l’avaient compris. Cette zone d’opacité et d’organisation était devenu un problème de sécurité publique. Le processus de gentrification et de transformation du quartier de Sants ne pouvant pas se poursuivre avec un lieu ouvertement positionner comme lieu de contre culture, base arrière d’une partie du mouvement, affaiblit ces dernières années par la répression et la politique anti-scouat de la Generalitat.
C’est en cette fin de printemps 2014, alors que la Mairie avait fait semblant de mettre un frein aux procédure d’expulsion ordonné par le tribunal, que le dispositif policier c’est à nouveau déployé autour de Can Vies, ainsi que dans tout le quartier afin de calmer et de dissuader toute velléité d’y vouloir y résister.
Comme une pratique bien ancré, les occupants avaient fait le nécessaire pour faire face à l’assaut des flics. Préparer depuis plusieurs mois, notamment depuis une dernière perquisition qu’il avait subit en Mars dernier, les habitants s’étaient barricadé à l’intérieur, avec des structures en acier soudées préalablement pour renforcer les entrées principales. Derrières les accès décisifs, des bombonnes de gaz avaient elles aussi été soudées afin de dissuader les flics de rentrer aux béliers.
Le plan à en partie fonctionner. Face à un gros dispositifs, l’expulsion a mis plusieurs heures avant de se terminer.
http://www.youtube.com/watch?v=KYXz46rsMe8
Les habitants et le collectifs de soutien à Can Vies « GAMOCANVIES » avaient prévenu : « Si Can Vies va a terra, barris en pie de guerre »
« Si Can Vies va à terre, les quartiers sur le pied de guerre ! »
Après le soutien, sur place, lors de l’expulsion une manif était convoquée dans l’après midi où plus de 4000 personnes ont répondu à l’appel. Suite à une courte déambulation dans le quartier de Sants, appelant les habitants à descendre dans la rue, la manif c’est terminé Plaza de Sants au cri de « Si Can Vies va a terra, barris en pie de guerra ! ».
C’est à ce moment là que les gens ont commencé à foutre des containers en travers de la rue principale et à y mettre le feu. En constituant de petites barricades pour commencer les hostilités la tension est rapidement montée. Une camionette de TV3 (télé catalane) posté aux alentours à été incendié et quelques agences bancaires comme les sièges de différents partis politiques attaquées.
Alors que tout le monde commençait à s’organiser, les flics se sont mis à charger en poursuivant les gens dans les rues avec leurs télescopiques et leurs Flash Balls ou un mec à d’ailleurs perdu une oreille. Pendant ce temps, de nombreux voisins sortaient aux fenêtres en tapant sur leurs casserole en soutien aux émeutiers. Dans la soirée, pendant que le dispositif se refermait sur le quartiers, un groupe d’antiémeute à poursuivit des gens jusqu’au bureau du journal La Directa en défonçant les vitres en essayant de rentrer à l’intérieur pour arrêter des personnes.
Quand après plusieurs heures de chasse à l’homme dans le quartier les gens commencèrent à se disperser des appels sur les réseaux sociaux étaient diffusés pour se retrouver le lendemain.
Mardi : « Effecto Can Vies ! »
Dans la situation de répression générale des espaces occupés à Barcelone, il y a comme un coup à jouer pour ces prochains jours. Le lendemain, Mardi 27, les gens se sont donc à nouveau retrouver pour marcher ensemble en direction du quartier. Alors que le commissariat des Mossos de la Plaza de Espanya était bouclé par les flics, le cortège décida de contourner l’avenue centrale occupé par les flics, pour rejoindre directement Can Vies, expulsé la veille. En arrivant à la hauteur du scouat déjà à moitié démoli, tout le monde à pu remarquer la présence de la pelleteuse qui devait continuer le lendemain à effacer toute traces d’existence de Can Vies. Comme une réponse à leurs politique de la terre brûlée, l’engin à été immédiatement incendié, sous les applaudissements et les cris des milliers de personnes rassemblées devant. Ce foyer fut le premier de la nuit à se déclarer, de nombreux suivirent dans la foulée jusqu’au petit matin.
Tous les quartiers sur le pied de Guerre !
Suite à ce premier acte de vengeance, le feu se rependit avec plus d’intensité.
A Sants, pendant plus de 4 heures, c’est plusieurs dizaine de containers qui ont été cramé pendant que le Bulldozer n’avait pas finit de se consumer. Alors que les positions ennemis continuaient à être attaqués, banques, sièges de partis politiques, magasin de téléphone, des barricades étaient montées un peu partout.
Face à cette détermination, les autres quartiers ne pouvaient rester impassible. Les gestes se sont fait échos partout dans la Métropole et dans d’autres villes. A Gracia c’est une autre permanence du parti de centre droite Convergencia qui a été attaqué. Plusieurs containers ont été brûlé et l’Avenue Diagonale l’une des principales artères de Barcelone bloquée pour un temps, tout comme à Sant Andreu ou dans d’autres quartiers de la ville, ou des petits groupes ont continué à foutre le bordel jusque tard dans la nuit.
Mercredi : « Que la révolte s’étende ! »
Aujourd’hui les rues de Sants portaient les traces des émeutes de la veille. Derrière ce fragile retour à la normale, de nombreuses entités politiques et associatives de Barcelone ont assumé leurs soutien aux habitants de Can Vies en dénonçant un dispositifs policier d’exception. Tout en critiquant publiquement la violence des flics tout au long de la soirée, ces dernières se sont joint à un nouvel appel posté sur les réseaux sociaux pour des manifestations Mercredi soir dans toute la Catalogne.
Voir carte
Actuellement, c’est plus de 50 rassemblements qui ont lieux à Barcelone et dans d’autres du ville du pays (Valence, Palma, Burgos...).Les médias annoncent déjà un « effet Can Vies », en échos aux émeutes victorieuses du quartier de Gamonal à Burgos qui avaient eut lieu contre un projet de construction d’un boulevard.
Plus de 7 000 personnes se sont retrouvées sous la pluie hier au soir pour braver les flics et l’état de siège à nouveau imposer dans tout le quartier. Très vite des barricades ont été constitué en travers de la Carrer de Sants axe principale du quartier dont on se souvient qu’elle fut egalement le théatre de plusieurs nuit d’émeute lors d’autre journée dans les années 90. Après le renfort de plus de 200 anti émeute venu en renfort de Madrid et d’autres villes du pays pour faire face à d’eventuels incidents, plusieurs colonnes de manifestants partis de différents quartiers de la ville ont reussit à converger vers Sants tout en laissant de nombreuses traces de leurs passages. Arrivé à l’entrée du quartier les affrontements ont imméditement repris sous forme d’assault sporadique ou des petits groupes de gens se formaient et se reformaient au gré des multiples charges de flics qui essayaient de prendre le contrôle du quartier.
La prefecture de police a fait été d’au moins 30 arrêtés dont des mineurs, tous concentrés au commissariat des Mossos d’Escuadra dans le quartier de Los Corts.
Ce Jeudi c’est un rassemblement de plusieurs centaines de personnes qui a eut lieu pour demander leurs liberation "Liberté pour les arrêtés, Nous sommes tous Can Vies !".
L’on attend une reprise des hostilités dans la nuit aidés par l’arrivé du soleil dans l’apres midi.
La tension qui règne dans tout le pays, l’impasse devant laquelle se retrouve toute position démocratique face au durcissement du parti au pouvoir, devoilent une constellation de possibilité pour qui voudra bien prendre partie dans cette situation.
Photos et videos dispo sur youtube ’’ EXPULSION CAN VIES"
  • (RE)CONSTRUISONS CSA Can Vies !
    Hier, après 5 jours de manifestations réprimées brutalement par la police catalane, plus de 60 arrestations et des dizaines de blessés, des centaines de personnes ont réoccupé Can Vies et commencé sa (re)-construction. Elles ont triés les matériaux récupérables et elles ont formé une chaine humaine sur plusieurs centaines de mètres pour déposer les gravats irrécupérables devant les portes de la mairie du quartier de Sants, responsable de la démolition du Centre Social.
    Hier soir, malgré l’état de siège policier, 20.000 personnes se sont manifestées dans le centre de Barcelone en soutien au squat partiellement démoli, réclamant la libération des personnes encore détenues dont 2 personnes placées en détention préventive, l’arrêt des poursuites et la démission des maires de Barcelone et de Sants. Après la manif, un groupe de 200 personnes qui rentraient à Sants, a été retenu pendant 3 heures dans la rue par les flics pour être photografiées. Certaines personnes ont été brutalement obligées de revêtir un passe-montagne pour être prises en photo.
    CSA CAN VIES est un Centre Social Autogéré, établit dans un batiment squatté il y a 17 ans. L’ampleur des manifestations suite à son délogement s’explique d’abord parce que Can Vies a reçu le soutien des habitants et de l’association de quartier de Sants. Can Vies est devenu pendant ces 17 années d’activités le carrefour des movements "okupas"(squatteurs), vécinaux, étudiants, féministes, queer, etc... Aujourd’hui, à travers la résistance au délogement de Can Vies s’exprime la résistance au modèle de ville conçu pour les touristes et non pour ses habitants, la résistance à l’expulsion de milliers de familles de leur logement, la résistance à la destruction des droits sociaux, des systèmes de santé publique et d’éducation publique, la résistance à un Etat policier qui impose à coup de matraque les diktats de la troïka.