On pourrait y voir le premier «effet Grenoble». Trois jours après le refus des écologistes de participer au gouvernement version Valls, le Parti de gauche (PG) retente sa chance. Dans une «adresse» aux dirigeants d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), Jean-Luc Mélenchon et les siens leur proposent de «construire une convergence».
«Une telle démarche ne reposerait pas seulement sur notre positionnement vis-à-vis du gouvernement mais sur des points essentiels que nous pensons partager : le partage des richesses, la relance de l’activité […] par l’écologie et la VIe République», écrivent-ils. Après les alliances locales aux municipales, le PG rêve d’une union avec les Verts aux prochains scrutins. A commencer par les européennes : s’ils admettent d’«importantes différences» sur l’Europe, les dirigeants du PG envisagent un «rapprochement» sur l’opposition au grand marché transatlantique. «Jean-Luc Mélenchon en parle beaucoup mais ne travaille pas au Parlement, tacle l’eurodéputé EE-LV Yannick Jadot. Ils en font un combat antiaméricain. Nous sommes sur une bataille des sociétés contre les multinationales.» Pourtant, les dirigeants des deux partis se voient très souvent ces derniers temps. Mélenchon et une délégation du PG a été reçu au siège d’EE-LV dans l’entre-deux-tours. Jeudi soir, Mélenchon et le patron des sénateurs écolos, Jean-Vincent Placé, ont même dîné ensemble. Avec omelette pour le premier, lapin à la moutarde pour le second.
Malgré ces contacts, la ligne écolo reste claire : «On ne prendra pas d’initiative. On a des projets européens très différents, fait savoir David Cormand, numéro 2 d’EE-LV. Et puis le Front de gauche est incapable de se mettre d’accord sur ses listes.» Vrai : à gauche, seules celles du Front de gauche ne sont pas bouclées.
Et, pour les élections de 2015, c’est également non pour les écologistes. Si le PG est prêt à un «programme commun pour les régionales» afin d’arriver - comme à Grenoble - «en tête de la gauche», Cormand leur répond : «On est régionalistes, ce qui fait une grande différence» avec un PG très jacobin.
En réalité, EE-LV refuse tout simplement de tomber dans «l’opposition de gauche» portée par le PG et de participer, dit Cormand, «à une coalition de rejet». Mélenchon le déplore : «Je joue souvent de la mandoline sous la fenêtre, a-t-il ironisé jeudi sur RTL. Et à la fin je me prends un seau d’eau sur la tête !»
Lilian Alemagna